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DE STAVISKY A CLEARSTREAM, OU COMMENT PLANIFIER UN 21 AVRIL BIS

Par Fabrice Aubert
samedi 9 septembre 2006
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L’affaire Clearstream

C’est à propos d’une opération de vente de frégates à Taiwan que des comptes secrets furent découverts dans la société privée Clearstream . Ces comptes secrets appartiendraient, selon des vrais-faux listings, à la fois à des hommes d’affaires et à des hommes politiques, dont certains sont responsables gouvernementaux (1), d’où le désordre politique actuel, sans doute voulu. On a donc au coeur de cette affaire, et c’est sans doute là l’essentiel, révélé l’existence d’un système mêlant argent, finance, commerce et politique, et ce dans le cadre d’une société qui voit les inégalités, la précarité, et la pauvreté augmenter. Nous sommes ici loin des problèmes soulevés par la révolte des banlieues ou des jeunes contre le CPE. Bref le « tous pourris » du café du commerce va rejaillir avec force, préparant ainsi dans les meilleures conditions possibles (pour les apparatchiks du pouvoir) ce que certains osent encore appeler une consultation démocratique : la future élection présidentielle du souverain royal au dessus des lois (2) .

Comme si l’Histoire se répétait

« Le 23 décembre 1933, le directeur du Crédit Municipal de Bayonne, Gustave Tissier, fut arrêté pour escroquerie et mise en circulation de faux bons de caisse, pour 235 millions de francs. On découvrit rapidement que Tissier n’était que l’exécutant du fondateur du Crédit Municipal, Serge Alexandre Stavisky, qui avait organisé cette escroquerie avec la complicité du député-maire de Bayonne, Dominique-Joseph Garat. Alexandre Stavisky avait été plusieurs fois poursuivi pour escroquerie dans les années précédentes. (3) » Il y a 73 ans se déroulait l’affaire Stavisky ici décrite. Observons que là aussi, au cœur de cette affaire, se trouvaient des opérations financières et des politiques.

Les conséquences de l’affaire Stavisky

La république fut mise en cause et les immigrés furent montrés du doigt comme responsable du « déclin français ». Lisons ce qui est écrit sur ce passé : « Un accès d’antiparlementarisme saisit le pays, encore plus violent que celui occasionné par l’affaire Hanau, ou encore l’affaire Oustric. Il aboutit à l’émeute du 6 février 1934 ».... « Le 6 février, les ligues factieuses où se trouve le gratin des dirigeants patronaux dopés par l’arrivée d’Hitler au pouvoir tentent d’investir la chambre des députés au cris de « à bas les voleurs », « à bas les métèques », « la France au Français » pour imposer le retour du préfet Chiappe qui a été relevé de ses fonctions tant son engagement en faveur de ces ligues est patent ».

La crête des vagues

Ainsi les affaires politiciennes prennent le dessus sur les choix de société , mais ceci n’est pas gratuit. Cette affaire apparaît soudaine, comme si d’autres affaires n’avaient pas déjà existé... Mais qui se rappelle de l’affaire Gaymard, ministre de la République, qui se fait offrir par la république un somptueux appartement dans Paris pour sa famille, tout en déclarant que la France vit au dessus de ses moyens. Tout ceci n’est donc pas nouveau, il s’agit de faire croire aux français que la politique n’est que cela, afin de les empêcher de regarder si des alternatives existent.

Quand les conflits sociaux sont porteurs de sens

Rappelons nous le 29 Mai 2005, 55 % des français rejetaient le projet de constitution qui aurait donné les pleins pouvoirs au marché et notamment aux marchés financiers, ceux là même qui sont au cœur des affaires politiques (Stavisky/Clearstream). En Septembre 2005, les conflits sociaux portèrent sur la SNCM, la RTM et d’autres entreprises. Il fallut les événements provoqués des banlieues pour que de la préoccupation sociale, on passe à nouveau à l’insécurité et Sarkozy au centre. Puis le CPE recentra à nouveau le débat politique sur le fond des questions des choix de société . Un mouvement populaire de masse a repris la parole, et a réussi à remporter une victoire historique, car c’est la première fois, depuis très longtemps qu’un gouvernement recule. De plus, au cours du conflit, les neurones des jeunes et de leurs parents ont autant bougé que les jambes. Beaucoup se sont rendus compte que dans la mondialisation, ils pouvaient eux aussi y perdre. Un renouveau politique pouvait émerger de ce conflit victorieux... Il fallait le tuer dans l’œuf.

Les affaites politiques soutiennent l’abstention et le Front National

C’est par la politique que chaque citoyen construit la société dans laquelle il veut vivre. Mais que pensent ceux qui, du matin au soir, triment dans des conditions de travail pénibles, voir dangereuses pour un salaire de misère ? Pensons aux chômeurs qui ne voient toujours pas la sortie du tunnel, à ceux qui sont surendettés, et qui ne savent plus comment s’en sortir. Que doivent-ils penser de ces événements sordides et bien éloignés de leur quotidien et de leur réalité ? Est-ce cela la politique ? Et qu’en disent les médias ?

La complicité des médias

Les médias (le Point, l’Express, le Nouvel Observateur) sont friands de ces affaires qui leur permettent à la fois de vendre du papier, pour ne rien dire d’autre que ce que l’on sait déjà, mais surtout, ils se révèlent ainsi les meilleurs promoteurs de l’idéologie du « politique-tous-pourris ». Or, c’est cette idéologie qui va pousser une partie de ceux qui s’étaient remobilisés sur le référendum et le CPE, à retourner s’endormir et s’abstenir. On le voit, la manière dont les affaires sont traitées permet de rebasculer la politique, des questions sociales vers de simples luttes d’appareils et de personnes. Dans ce cadre, seuls les plus motivés iront voter, les autres s’abstiendront ou voteront en masse pour le FN, préparant ainsi un 21 avril bis.

Une autre lecture

Les questions d’un journalisme vraiment libre auraient pu être les suivantes :comment une société comme Clearstream peut-elle exister et fonctionner en ayant pignon sur rue, sans être inquiétée, alors que tout le monde sait qu’il s’agit d’une société qui possède des comptes secrets ? (voir plus bas : « la finance au dessus des hommes »). Comment cette société peut elle exercer son activité au cœur de l’Europe, en brassant des montants financiers équivalents à 50 fois le budget de la France ? Est-ce la démocratie ou le marché unique ? Comment la commission européenne si soucieuse de l’intégrité et de la rigueur budgétaire accepte qu’un pays de 2 586 Km2 et 455 000 habitants développe le PIB par habitant le plus élevé au monde, sans que cela ne l’interroge sur les logiques financières permettant cette aberration ? Comment cette commission peut-elle accepter l’existence d’un paradis fiscal qui retraite l’argent sale, situation démontrée par un rapport parlementaire conduit par Arnaud de Montebourg, député PS ?

De Stavisky à Clearsteam

A 70 ans de distance, la même question. En 1934, l’Europe connaissait une crise du capitalisme de grande ampleur, la crise de 1929, partie des Etats-Unis. La France est à cette période touchée de plein fouet par la crise économique mondiale née des suites du krach de 1929. L’affaire Stavisky n’était qu’une des conséquences d’un système qui à l’époque avait déjà mis l’argent au centre. Or que subissons-nous aujourd’hui ? Les effets d’une crise boursière partie des Etats-Unis à l’été 2000, le « krach internet ». Et qu’est ce que la mondialisation si ce n’est un système politique qui met la finance au dessus des hommes.

La finance au-dessus des hommes

« Cette affaire est un appendice, d’ailleurs ridicule, de la politique politicienne française. En fait, elle semble être un simple règlement de comptes entre politiciens et ne fait qu’utiliser la « mauvaise renommée » de Clearstream. Malheureusement, c’est toujours le superflu qui dissimule le nécessaire. Car l’affaire Clearstream constitue l’une des grandes interrogations sur le fonctionnement de la finance... La question qui reste posée est celle du fonctionnement du système financier international, lequel résulte, en simplifiant, de la mondialisation et des nouveaux modes de fonctionnement mis en place. Même si Clearstream existait auparavant, son importance dans le système financier mondial est bien une résultante de la mondialisation. Le système financier d’après-guerre se trouvait sous la tutelle apparemment très étroite des politiques. Il faisait plutôt le gros dos parce qu’il avait été mis en cause dans la grande banqueroute économique des années 1930. Cela a duré jusqu’en 1971. Après, le système s’écroule. Les monnaies deviennent des paniers de valeurs qui sont évalués et garantis par la santé financière des pays qui supportent ces monnaies ou par un ensemble de pays s’il existe un accord monétaire. La finance repasse au premier plan et redevient la matrice de fabrication de la plus-value économique. C’est là que Clearstream et Euroc1ear, les deux grandes chambres de compensation sur titres, ont pris leur envol comme noyau dur de la mondialisation. Et c’est là le cœur du problème » (4). Quand un juge s’exprime ainsi, c’est que la République est en danger...

La République en danger

Les magouilles de la République se font, quelque soit la période de l’histoire, au service d’un système qui domine le monde. De Stavisky à de Villepin, ces mercenaires ne sont au service que d’une seule cause, le capitalisme, qui dans sa propre crise a peur des réactions démocratiques des citoyens. Quand une fuite d’eau a lieu dans une maison ce n’est pas en apportant des serpillières que l’on répare la fuite, c’est en changeant les tuyaux. Or, les médias nous planifient pour 2007 un débat entre une serpillière rose et une serpillière bleue (d’où l’affaire Clearstream). En politique, ce n’est pas en changeant le personnel par l’alternance que l’on règle les problèmes posés. Il nous faut bien changer de système, car celui-ci est à bout de souffle. Il est de la responsabilité des Besancenot, Buffet et autre Bové, de se hisser au niveau historique de leurs prédécesseurs (1936) et de prendre conscience urgemment, de la nécessité absolue de proposer une alternative unitaire crédible. Dans le cas contraire, ils porteront une responsabilité historique terrible, car le pire est devant nous (5) .

(1) L’affaire politique est médiocre car l’objectif comme toujours est de vouloir être calife à la place du calife, et pour cela tous les coups sont permis, y compris l’utilisation de faux listings donnés par un corbeau.

(2) Rappelons que le Conseil d’Etat a considéré que le Président n’avait pas à répondre à une demande de la justice.

(3) Tiré du site Wikipédia sur Internet

(4) Interview donné par Jean de Maillard (Vice-président du tribunal de grande instance d’Orléans. / Politis 27 Avril 2006 / Observons que l’humanité des 2 et 5 mai 2006 portent le même regard sur l’affaire Clearstream.

(5)La crise de 1929 déboucha sur la prise du pouvoir d’Hitler, et la seconde guerre mondiale en 1939. La crise américaine de l’été 2000 n’a pas encore produit ses effets. Les soubresauts du pétrole, du dollar et de l’or, révèlent la fièvre, pas la maladie.


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