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TRIBUNE : REFLEXIONS D’APRES-PRESIDENTIELLES

Par Marie-Pierre Vieu
mercredi 16 mai 2007
par  Marie-Pierre Vieu
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Préambule

Il y a quelques temps déjà que je tente de regrouper mes impressions ( parfois mes idées) et de les coucher sur papier. En vain. Prise dans l’urgence du moment politique, je remets toujours à plus tard ce que je pourrais faire le jour même.

D’autres pourtant écrivent- parfois de manière tellement prolixe que cela m’interroge sur mes propres capacités réactives- et puis, je ne le cacherai pas, tout ce que je lis ne me satisfait pas également.

Je fais référence à différentes contributions de camarades d’armes « mutants », dont les analyses m’apparaissent aujourd’hui plus proches du courroux de la jeune fille éconduite devant l’autel que de la dialectique marxiste dont ils se réclament.

Parlons clairement. Je n’ai pas fait partie de ceux qui ont entourés Robert HUE, pour après ses 3,37%, le rendre seul responsable de l’échec du PCF.

Je ne ferai pas plus partie de ceux qui ne manqueront pas de saisir le résultat du 22 pour faire le procès de MGB et du rassemblement populaire et anti-libéral, sans plus de nuances et de discernement que n’a été réalisé celui de la mutation du PCF dans l’après 2002.

En d’autres termes, je fais un choix : celui des communistes et aujourd’hui, ils méritent mieux qu’une guerre fratricide.

Il n’en demeure pas moins que j’ai des doutes, des réserves et des désaccords vis-à-vis de différentes analyses politiques élaborés ces dernières années.

Un certain nombre de ces critiques convergent avec celles des « huistes ». Je suis par exemple convaincue, que réduire le séisme de 2002 à la seule remise en cause de « la gauche plurielle » et dans cette continuité, utiliser la victoire du NON au TCE pour théoriser l’opposition gauche anti-libérale/ gauche social libérale, est une erreur de fond qui pèse aujourd’hui encore sur l’ensemble de la gauche et sa capacité à offrir une perspective de convergence sur une politique de transformation sociale.

Mais je suis tout aussi convaincue, en cela je diverge des mêmes « huistes », que notre choix de s’engager dans la construction de collectifs anti-libéraux, de pérenniser et de donner un sens à la victoire du NON de gauche, n’était pas en soi porteur de cette dérive « gauchiste » : au contraire, dès lors que cette démarche s’inscrivait dans l’ambition du rassemblement le plus large à gauche et sans exclusive, elle participait de ce renouveau politique qu’attendent tant de nos concitoyens.

De fait si elle n’a pas éclos, cela tient principalement à l’amputation d’une partie importante de sa dynamique unitaire, due principalement à la défection prématurée des militants socialistes rentrés rapidement dans leur Parti pour peser sur le débat d’orientation de la Présidentielle. Il reste cependant essentiel de s’interroger sur les obstacles auxquels nous nous sommes heurtés durant cette expérience afin de les dépasser. En ce sens, oui je partage le constat que dresse Jean Luc MELENCHON dans l’Humanité du 9 mai, « l’autre gauche » est déjà mise au défi.

Je vais y revenir.

Mais avant de le faire, je voudrais ajouter que si je mets aujourd’hui à écrire, c’est d’abord par désir d’un avenir pour nos combats et nos idées. Face à la mort déjà consommée du PCF- en tout cas si l’on en croit la presse- il est important de prendre la parole, exposer nos idées, les confronter. Ce qu’il adviendra d’un parti Communiste et d’une force communiste ici en France est intimement lié au devenir d’une gauche d’alternative : c’est pourquoi nous devons moins que jamais nous refermer sur nous même ou jouer la carte d’un immobilisme qui nous serait mortifère. Je considère pour ma part que c’est le risque majeur auquel il nous faudra échapper lors de notre congrès exceptionnel de fin 2007.

Je reste pour l’heure convaincue que notre pays a encore besoin d’un Parti Communiste et de communisme- même si l’un et l’autre doivent beaucoup plus évoluer qu’ils ne l’ont fait jusqu’à maintenant pour être porteurs de sens et de cohérence dans la société d’aujourd’hui. Mais je suis tout aussi convaincue qu’il nous faudra les mettre au service d’un renouveau de la gauche qui à moyen terme nous demandera sûrement de faire des choix structurels et peut-être- mais est ce vraiment une question taboue au PCF ?- de mourir pour mieux renaître. Il est donc essentiel que nous participions à la recomposition de la gauche et non la subissions, parce que c’est sur ce terrain aussi que va se jouer la persistance et le développement d’un courant révolutionnaire en France et en Europe.

Depuis le 1er tour de la Présidentielle, le débat s’est engagé dans les rangs communistes. Ci-dessous mes réflexions « à chaud ».

1/ La première concerne les résultats du PCF et la défaite de la gauche.

Je partage le constat selon lequel l’échec des collectifs anti-libéraux et de la désignation d’une candidature unitaire a été préjudiciable au combat pour la transformation sociale en même temps qu’il a affaibli la gauche toute entière. Le PCF, identifié comme pièce maîtresse de ce rassemblement a subi un « désamour » proportionnel à l’attente créée par la démarche.

Cet échec a-t-il eu aussi pour incidence de libérer le terrain pour la candidature BAYROU ? Oui dans la mesure où l’on tient ses 18% comme étant d’abord l’expression d’un rejet de la bipolarisation de la vie politique. Oui encore dans celle où les électeurs n’ont pas trouvé, au vu de l’éclatement du camp anti-libéral, un-e candidat-e pour disputer à gauche le leadership au PS, d’être présent-e au second tour et en mesure de gagner l’élection.

Mais non si l’on considère, et c’est mon cas, que la stratégie centriste du responsable UDF, n’aurait pu être contenue par la seule présence d’une candidature anti-libérale unitaire. Les prises de position très tôt dans la campagne d’abord des Gracques, puis de Michel ROCARD, Bernard KOUCHNER et une partie des cadres socialistes et visant à légitimer une alliance avec le centre-droit pour installer et structurer durablement une alternance social libérale, attestent d’une offensive politique concertée et d’envergure.

Nous sommes-nous suffisamment interrogés sur l’utilité réelle de cette Présidentielle ? Il ne semble pas outrancier d’affirmer que pour l’intelligentsia libérale, deux ans après la victoire du NON sur le TCE, il s’agissait prioritairement de fermer la porte à toute alternative de progrès, toutes résistances et velléités de résistance. Plus encore qu’avec mai 68 c’est avec un siècle de luttes, mouvements sociaux et acquis populaires qu’il faut en finir !

Cela explique sans aucun doute la virulence de la double offensive politique et idéologique, menée contre le communisme (convocation dans la campagne des ex pays socialiste et du « bilan ») et le socialisme ( modernité du libéralisme social face à l’archaïsme socialiste) : les crises de l’un et de l’autre, pourtant chacune spécifique, ont été utilisées pour annihiler la perspective même du rassemblement de la gauche et invalider celle d’une politique de gauche ou socialiste prise au sens historique du terme.

La bataille sourde mais assénée quotidiennement contre la candidate Marie-George BUFFET visait à faire la démonstration de la vanité d’un soutien à une candidate, un rassemblement et un Parti dont le poids dans la société n’a plus aucuns effets. Pourquoi voter MGB alors que les sondages la faisaient plafonner à 3% et que l’on ne change rien avec 3% de l’électorat ? Pourquoi voter MGB alors que le seul enjeu pour tout démocrate était de barrer la route à SARKOZY quelque soit le camp choisi pour se faire, et pour tout progressiste d’empêcher qu’une nouvelle fois le deuxième tour soit privé d’un candidat-e de gauche ? Pourquoi voter MGB pour faire bouger la gauche alors qu’on sait par expérience que même à 8 et 9% le PCF a du mal à infléchir les choix du PS ? Pourquoi voter MGB quand existent de biens meilleurs candidats « défouloir » à gauche ? Plus encore qu’un nouvel affaiblissement électoral, cette bataille cherchait à sortir du jeu la seule force politique-le PCF- travaillant au rassemblement de toute la gauche. En cela, on peut vérifier d’ailleurs que même si la stratégie déterminée au dernier congrès a fait débat et continue à poser problème dans les rangs communistes, elle reste cependant prise à l’échelle de cette offensive, une question subalterne.

Reste qu’il est indéniable que même à leur corps défendant les candidatures d’une gauche radicale ont servi cette stratégie libérale.

A quoi en effet a été utile José BOVE durant ces derniers mois ? A hausser les ambitions de la gauche ? On peut en douter vu les prises de positions sectaires et anti-élus de ses troupes. A réintroduire la question paysanne au cœur du débat politique ? F. NIHOUS l’a mieux porté que lui. A relayer dans le débat Présidentiel son combat altermondialiste ? La dimension européenne et internationale a été totalement absente du scrutin. A renforcer le camp anti-libéral ? Il a rajouté de la division à la division. A faire de la politique autrement ? La simple addition de chevaux sur le retour n’a jamais bouleversé quoique ce soit aux us en vigueur. NON objectivement, José BOVE n’avait qu’une raison sociale sur cette parenthèse électorale : délégitimer les partis de gauche et la perspective de leur rassemblement, de fait il ne pouvait qu’accélérer la recomposition politique et la « droitisation » du PS.

Les objectifs d’Olivier BESANCENOT et de la LCR étaient les mêmes, seules les partitions pour le faire variaient. Au porte parole trotskiste, la charge d’occuper la fonction protestataire autrefois incarnée à l’extrême gauche par Arlette LAGUILLER et de tenter en plus, de capter une jeunesse à la recherche d’une rupture radicale- incarnée dans les années 80 par la gauche socialiste. Au leader des forum sociaux, celle de faire vivre un anarcho-syndicalisme d’aujourd’hui en assénant quotidiennement un discours anti-Partis, dénigrant l’action et la construction politique au seul profit de l’agitation sociale.

A l’arrivée, si on juxtapose bout à bout, un PS sous pression des marchés, qui se met à opposer rénovation et transformation sociale, un PCF réduit à son portion congrue et sans orientation assumée, une extrême gauche et des alter versant dans le jusqu’au boutisme social, on obtient une gauche qui plafonne à 35% incapable de contenir l’offensive politique et idéologique d’une droite dure et s’assumant comme telle.

2/ La deuxième renvoie à la droite et ses ambitions de remodelage de la société.

Le nouveau Président de la République va être amené à redéfinir « le socle dur » de notre société française dans la mondialisation en cours.

De ce point de vue, il est indéniable que la victoire de Nicolas SARKOZY, ouvre la porte à la casse complète du modèle social issue de décennies de luttes et scelle sa mise aux normes du capitalisme financier.

Abandon des 35h et mise à mal du principe même de réduction du temps de travail, remise en cause de la notion de dialogue et pacte social, fin du système de solidarité nationale ( sur les retraites, la sécurité sociale, l’indemnisation du chômage...) , négation du droit de sol, stigmatisation de « l’autre », remise en cause des libertés fondamentales et des droits universels issus de la Révolution Française et dans le même temps, exaltation de l’individualiste et de la concurrence, éloge de la compétition, installation de la méritocratie : il s’agit en quelques années de nous faire installer dans un modèle social à l’anglo-saxonne expurgé de tout humanisme.

Dans ce contexte, il n’est pas anodin que le candidat SARKOZY ait fini sa campagne sur la stigmatisation de mai 68 alors que ces premiers chantiers de réforme en tant que Président sont l’instauration du service minimum et la réforme du droit de grève, les régimes spéciaux de retraite ainsi que le flexisécurité, l’égalité salariale et la démocratie sociale : sa priorité est bien la casse sociale.

On a ces derniers temps souligné combien le Président de l’UMP se rapprochait de l’extrême droite jusqu’à piller la rhétorique frontiste pour s’attirer une partie de son électorat, et cette stratégie peut faire penser à celle utilisée en Italie par Sylvio BERLUSCONI. Si cette démarche a effrayé une partie de la droite, répulsée par son côté « border line » fascisant, il n’empêche qu’elle a installé l’ex Ministre de l’Intérieur dans la posture de « rupture » indispensable à son élection.

Comment, sinon, après cinq ans de participation à une majorité et deux gouvernements de droite, ayant depuis leur élection multipliés les échecs sociaux et électoraux, son premier responsable aurait-il pu seulement aspirer à la fonction présidentielle ?

Il serait vraisemblablement intéressant d’analyser de près la nature de cette rupture proposée par Nicolas SARKOZY- et plus encore la manière dont se l’est approprié son électorat, particulièrement son électorat populaire.

Pour ma part, il est primordial de voir qu’elle est globale. Trop souvent c’est le SARKOZY sécuritaire qui fait peur, à juste titre. Mais cela peut parfois renvoyer au second plan ce qui caractérise avant tout l’homme : son ultra libéralismes ! Ne nous trompons pas de cible : son combat n’est d’abord pas moral, il est politique.

Ainsi la création en 2002 de l’UMP aujourd’hui prolongée pour les législatives de l’élaboration d’une charte présidentielle dont l’objectif est le ralliement des députés UDF voire de quelques personnalités de gauche montre la détermination du nouveau Président à gagner à droite aussi bien la bataille du rassemblement que celle de l’hégémonie.

J’ai pris connaissance d’une étude réalisé par un sémiologue américain qui montrait comment outres Atlantique, BUSH et le Parti républicain se sont emparés et ont détournés aux profits de leurs thèses ultra réactionnaires, une partie importante du langage, des codes et des repères démocrates : pour ne citer que la notion de « nouvelles frontières » des KENNEDY.

Réaliser le même travail sur la droite française amènerait par exemple, à mieux cerner comment l’UMP dans cette campagne a su s’appuyer sur le sentiment d’impuissance à peser sur la mondialisation, qui a nourri le NON au TCE, pour alimenter un projet de société basée sur la répression et une conception patronale de l’ordre social.

On pourra encore décrypter l’appropriation sarkozienne de thèmes, historiquement identitaires de la gauche. J’en prendrai deux : le travail et la nation.

Pour le premier, le candidat ne propose rien de neuf (à droite) si ce n’est dans la graduation des mesures avancées : suppression de toutes les charges et cotisations sur les entreprises, diminution du coût du travail, des droits salariaux jusqu’à proposer d’instaurer un service minimum dans les transports et remettre en cause le droit de grève... Reste qu’au bout de ces réformes, c’est le modèle ou cadre actuel du travail qui explose. Qu’est-il perçu de cette logique par le grand public ? Ce qu’on dit en substance au porte à porte : « SARKOZY aime le travail » ou « la victoire de SARKOZY est celle du travail contre la fainéantise ». C’est ce que nous renvoient d’une autre manière les franciliens quand très massivement, ils expriment leur désapprobation face à la décision du Conseil régional d’instaurer la gratuité des transports pour les RMIstes. Ici Nicolas SARKOZY a gagné une adhésion partielle de l’opinion sur l’idée que la droite est en capacité d’assurer une société de travail pris au sens de « labeur ». Le détournement opéré est que derrière le mot « labeur » il n’y a plus la notion de richesses crées mais celle d’ordre instauré. Cela, par opposition à la gauche qui, selon lui n’a eu de cesse de prôner un laxisme social et une politique de minima sociaux qui ont installé « la société d’assistés » que nous connaissons aujourd’hui, nous conduisant au désordre et par extension au chaos. Cette rhétorique est au cœur de nombreux écrits de l’entre deux guerres et a pour une part, a tracé la voie à l’Etat Français.

Ce qui me soucie particulièrement est la prise qu’un tel discours peut avoir sur la jeunesse, particulièrement sur des jeunes issus des quartiers sensibles : comment ceux-ci balaient la notion d’égalité de chances pour lui préférer celles de compétition et de promotion sociale, comment également les mêmes nourrissent quasiment de la haine sociale à l’égard des institutions et collectifs (municipalités, associations...) qui ont pu les accompagner dans leur parcours initial.

Comment contrer une telle logique si ce n’est en reposant la question en terme de rapports de classe ? En redéfinissant des repères et des représentations qui ont été bousculés à l’extrême : en replaçant chacun-e du bon côté de la barrière ?

De ce point de vue, le choix assumé d’un aménagement humain et social du libéralisme caractérisant la campagne de Ségolène ROYAL (retour sur les 35h, Contrat Jeune espoirs, ambiguïtés et reculs sur le dossier des privatisations..) et ses engagements en retrait même par rapport à la politique menée par la gauche plurielle de 1997 à 2002, ont participé de ce « brouillage » des repères et représentations. Accompagnant les grandes manœuvres social libérales, ils ont mis à mal la différentiation gauche/droite et nuit à la cohésion et donc au rassemblement de la gauche.

Il en va de même sur la question de la France. Alors que Nicolas SARKOZY, nous l’avons vu au moment du TCE ou encore le soir même de son élection avec son appel vibrant à l’amitié franco US, est clairement atlantiste, plaçant les marchés financiers (l’armement et la défense inclus) au dessus de tout intérêt collectif : national ou européen, là encore qu’en retient le grand public ? Que l’homme défend le principe d’un Etat fort, en capacité de se défendre contre toute agression extérieure comme intérieure.

Les dernières jours avant le 1er tour, ont même été mises à profit par l’ex Ministre pour dépouiller une partie de l’héritage gaulliste (thématique de la France fière de ses valeurs et de son identité) alors même que l’on sait qu’avec SARKOZY Président, la politique internationale de notre pays épousera celle de BUSH. On pourrait aussi pointer les dérapages du leader UMP sur « les atavismes génétiques ». Ils ont fait réagir fortement le milieu scientifique et universitaire, mobilisé une partie de l’opinion publique : heureusement, car ce discours et cette démonstration nous renvoie aux heures les plus sombres de notre histoire. Dans le même temps, voyons bien qu’ils épousent les théories en vogue de certains milieux religieux et intégristes : en cela se développent dans la continuité d’un des combats prioritaires de SARKOZY, la mise à mal de la laïcité. Une société qui tend à privatiser et à ghettoïser l’espace public, reprenant les thèmes de l’ordre naturel et du droit de sang, exaltant la méritocratie ; on est quasiment dans « le meilleur des mondes ».

Parenthèse ici : Même s’il tente aussi de détourner à son profit quelques figures emblématiques du progrès social, le champion libéral a du mal à avec notre tradition révolutionnaire. Ainsi il préfère le mot « France » à celui de « Nation » et cela n’est pas anodin : historiquement, l’idée de Nation est trop liée à celle de République pour cet homme dont l’idéal tribunicien ne coïncide pas avec la fonction qu’il ambitionne, quoiqu’on puisse par ailleurs penser de la Vième République.

Ce terrain, bien sûr, la gauche se doit aussi de le réinvestir, en s’appuyant me semble-t-il sur l’héritage révolutionnaire de notre pays (déclarations des droits de l’Homme et du citoyen, principe du droit du sol, pacifisme, solidarité internationale...) Je n’épiloguerai pas sur l’épisode du drapeau mais je reste certaine que certains symboles mal maniés peuvent faire de grands dégâts dans les consciences.

Ces deux exemples nous mettent au pied du mur ; désormais c’est à redéfinir une gauche ( sur ses contenus comme ses contours) en capacité de contrer durablement cette régression programmée qu’il nous faut s’atteler.

3/ Le défi d’une gauche d’alternative et notre place dans cette gauche.

Dans Le Monde du 30 avril, a été publié un Manifeste « Pour une social démocratie à la Française » signé par une série de personnalités s’inscrivant sur la partition d’un libéralisme social : Jacques DELORS, revenu au premier plan pour porter main forte à l’opération de recentrage du PS, Roger FAUROUX, ancien président de Saint Gobain bien connu dans les milieux universitaires pour avoir travaillé activement à la libéralisation de l’Enseignement Supérieur, Thomas PIKETTY économiste nouvellement promu par Ségolène ROYAL .

L’angle de l’appel est de tirer partie « des nouvelles réalités du monde moderne », le moyen étant, je cite « la réforme profonde, sereine, délibérée et équilibrée de notre modèle économique et social. » On est désormais dans le registre de la démocratie apaisée. La liste des premiers signataires issus des sphères économiques et entreprenariales vient conforter la prise de distance avec nombre de thèmes aujourd’hui encore identitaires de la gauche.

Ainsi sont absentes les questions de propriétés, d’appropriation sociale et donc des rapports sociaux au cœur de l’affrontement capital/travail, celles de la lutte des classes et du passage à une conscience de classe, celles du rôle l’Etat autrement que comme outil pour maîtriser la dette et l’équilibre des finances publiques, problématiques pourtant toutes au cœur de l’actualité sociale si l’on en juge par les propos tenus par le syndicaliste Bernard THIBAULT lors du 1er mai dernier, et visant les réformes préconisées par le MEDEF et soutenues par Nicolas SARKOZY.

Certes le passage de notre échelle de vie du local et national au mondial, accroît le sentiment de fatalité face au caractère inéluctable des politiques menées et des questions restent sans réponses vraiment audibles : Comment se protéger du tout financier sans tomber dans un mélange de protectionniste et de relance keynésienne, pour utiliser l’expression d’une connaissance ? Comment agir politiquement au plan européen et mondial lorsque l’on connaît les rapports de force à ces échelles ? Comment contrer les délocalisations, la libéralisation des services et biens universels ? Comment peser réellement face aux multinationales et assurer la sauvegarde de la planète, lutter contre les effets de serre, sécuriser les parcours de vie, éradiquer la pauvreté et l’analphabétisme, garantir l’accès de tous à la connaissance ?

Ces nouvelles contraintes, doivent-elles amener à l’abandon de la gauche ou plus précisément du socialisme historique ?

Je ne le crois pas, considérant au contraire que les questions du libre développement et de l’autogestion, celle du bien-fondé d’une action de l’Etat démocratisé et sous un véritable contrôle citoyen restent premières pour toute perspective de transformation progressiste de la société.

De ce point de vue, travailler et se référer à l’anti-libéralisme me semble toujours pertinent. Cela n’est pas neuf. Faut-il le rappeler, le PS et la gauche plurielle s’en sont eux-mêmes réclamés : en témoignait la déclaration commune de 1997 entérinant la mise en place du gouvernement Jospin avec notamment « le parti pris de la rénovation et du développement et de l’extension des services publics ainsi que de la réorientation de la construction européenne ». Il est entendu que j’ai conscience que cette majorité n’a pas par la suite confirmée ses engagements, je pense en particulier au tournant pris avec les traités d’Amsterdam et de Lisbonne mais cela est un autre débat. Plus proche encore, en 2004, les majorités régionales se sont majoritairement constituées comme « pôles de résistance à la politique ultra-libérale de la droite au pouvoir depuis 2001 » et sont placées d’emblées hors AGCS avant de refuser la mise en place des lois Raffarin sur la décentralisation relative notamment aux personnels TOS.

Le tournant véritable même si certains l’ont théorisé dans l’après mouvements social de 1995, s’est opéré au lendemain du référendum sur la constitution européenne. L’affirmation majoritaire d’un NON de gauche, anti-libéral n’a pas constitué un appel d’air pour amplifier la dynamique populaire créée. Très vite, elle a eu pour effet, entre autre conséquence, d’opposer une gauche « jugée authentiquement de gauche, et de rupture » à une autre « de compromis et libérale » entérinant une division préjudiciable à tous les progressistes. Désormais, l’antilibéralisme ne s’est plus défini par son contenu transformateur, mais par le rassemblement des forces sensées l’incarner : un pôle des radicalités s’inscrivant structurellement dans une posture minoritaire car privilégiant la fonction protestataire sur celle d’élaboration et de construction politique.

Si nous avons pointé cette dérive en CN de notre Parti, nous l’avons trop souvent traitée comme une question de démarche politique quand il s’avérait fondamental de revenir sur le fond du débat.

En effet, de quoi naît notre anti-libéralisme ? De notre communisme, et de notre volonté de nous doter de leviers politiques pour s’affranchir des formes de dominations et exploitations engendrées par le capitalisme financier et les logiques libérales à l’œuvre. L’alternance de ces dernières années de politiques ultra libérale et de compromis a conduit à une désespérance sociale et démocratique, qui appelle aujourd’hui à poser l’urgence de l’alternative politique et de choix politiques qualifiés de « structurels » ; s’attaquer « au mur de l’argent », à la concentration des pouvoirs entre les mains d’une minorité nantie, aux mécanismes européens et mondiaux, ces axes d’action catalogués dans le programme de Marie-George BUFFET sous l’étiquette, moyens d’une autre politique.

Une chose est donc l’anti-libéralisme pris au sens de cette autre politique à mener. Une autre question est la seule démarche stratégique qui permettra de réaliser les conditions de la mise en œuvre de ces choix. Ce qui est en jeu n’est pas d’abord de définir quelles forces on va réunir- ou plutôt on va exclure à priori du rassemblement- mais bien de mener le débat politique et de hisser le contenu du rassemblement sur les propositions et le projet le plus transformateur.

Pour ma part, je m’inscris dans l’optique d’un rassemblement sans préalable de la gauche autour de ces moyens d’une autre politique. Comment serons nous sinon en capacité de disputer l’hégémonie de la bataille idéologique et politique à la droite ultra libérale, et d’arracher celle de la gauche aux partisans de l’adaptation ?

Formulée en d’autres termes, la solution n’est pas la division et la segmentation de la gauche, de pousser un peu plus le PS vers le centre, et occuper l’espace à la marge ainsi légué, mais au contraire de disputer et de gagner à gauche la bataille du rassemblement : idéal contre idéal, projet contre projet, politique contre politique, « efficacité contre efficacité ».

Pourtant c’est bien le point qui a fait débat et clivage à l’intérieur des collectifs anti-libéraux, qui fait aussi débat et clivage au sein même du PCF et que nous avons jusqu’à maintenant refuser d’aborder en tant que tel.

Pourquoi ? Peut-être tout simplement par peur de penser les choses en grand, d’assumer pleinement les responsabilités historiques qui sont les nôtres. Car avancer dans cette direction nous amène indéniablement à nous interroger sur ce qui peut fonder une gauche (d’alternative) en ce début du 21ième siècle. Mais dans des termes offensifs : quel projet, quelles initiatives, cette gauche sera-t-elle en mesure de porter comme jadis elle a porté le Front populaire, le CNR ou dans une autre mesure le programme commun ? Et pour nous communistes de nous poser la question du parti à construire aujourd’hui, pour donner sens et force à cette gauche. J’ai bien dit Parti et pas mouvement ou réseau.

J’ai écrit au tout début de mes propos, que j’étais convaincue qu’il faudrait mettre nos efforts au service d’un renouveau de la gauche qui à moyen terme nous demandera sûrement de faire des choix structurels et peut-être de mourir pour mieux renaître.

Ce constat même s’il apparaît neuf aujourd’hui parce qu’au cœur de nombreux propos et contributions, ne l’est pas réellement. La mutation du PCF posait déjà plus fortement encore que le besoin de tirer les leçons et de s’affranchir du communisme du 20ième siècle, l’ambition et la nécessité d’aller à la constitution d’un "nouveau parti" (communiste) correspondant à la fois aux mutations sociales au stade des forces productives et aux défis du capitalisme globalisé.

Je n’épiloguerai pas ici sur les raisons de son échec : disons qu’elles cumulent des raisons conjoncturelles liées à sa concomitance avec la participation gouvernementale et les erreurs de gestion de cette participation, et structurelles imputables à l’appareil communiste même. Il n’en demeure pas moins que nous avons pris un retard- doctrinal et politique- qui aujourd’hui nous pénalise d’autant plus que nous assistons à une accélération de la recomposition politique.

Je me pose une question et je n’y ai pas pour l’heure apporté de réponse : le parti que nous allons construire dès demain sera-t-il encore un parti communiste ou bien un parti de l’alternative à gauche ?

Cette réflexion me paraît d’autant moins incongrue qu’elle croise celle de nos voisins européens. L’expérience allemande du Links Partei qui arrive à faire converger dans ses rangs, des anciens communistes de RFA et RDA ainsi que des socialistes tel Oscar Laffontaine est bien sûr à mes yeux celle qui revêt le plus d’intérêt car tentant de trouver un voie socialiste d’aujourd’hui.

A regarder notre pays, sa tradition ouvrière et révolutionnaire, son mouvement syndical et social, son niveau revendicatif et son appétit politique, je me dis « qu’à regarder la moitié pleine de la bouteille plutôt que sa moitié vide, il est vraiment une belle page à écrire et à vivre ! »

Pour autant je suis une pragmatique, qui ne crie pas « au loup » dès qu’il y a échec électoral. Créer une telle nouvelle force politique ne peut relever de l’annonce opportune ou du coup politique, mais demande de dépasser toute une série d’obstacles à gauche, qui ne tiennent pas qu’à des égoïsmes ou cultures d’organisations : rien de durable ne pourrait émerger sans l’adhésion et la dynamique populaire dont nous avons si cruellement pâti dans les collectifs cet automne.

J’ai donc pour l’heure une double conviction.

La première est qu’avoir le maximum de parlementaires communistes le 10 juin prochain et une influence accrue : ce sera le principal point d’appui pour celles et ceux qui luttent ou vont lutter contre Nicolas SARKOZY et un atout certain dans le débat que nous allons engager.

La deuxième est que jamais, « rien ne naît de rien » à fortiori une refondation politique. Notre principale force reste aujourd’hui d’être un Parti debout, structuré, fait de dizaines de milliers d’hommes et de femmes autonomes, actifs, et qui ont sûrement leur opinion sur le sujet. Sachons collectivement nous le rappeler.

Marie-Pierre Vieu est vice présidente (PCF) de la région Midi-Pyrénées.


Commentaires

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mardi 30 mars 2010 à 04h43

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mercredi 10 mars 2010 à 10h34
mercredi 25 novembre 2009 à 02h37
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