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LA VIE EXEMPLAIRE D’UN MINISTRE ORDINAIRE

lundi 15 septembre 2008
par  Claude Soufflet
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J’ai été nommé ministre par le Président Colas Kossard le 10 juin 2012. Cela fait donc un an, jour pour jour, que j’exerce mes fonctions. Je n’ai d’ailleurs pas beaucoup de temps pour fêter cet anniversaire. J’attendais depuis des années cette nomination, même un strapontin de secrétaire d’Etat aurait fait mon bonheur ! Ministre, c’était l’aboutissement d’années de labeur, d’années de petits arrangements et de grandes compromissions …

On peut dire que tout commence dès ma naissance, par l’engagement très réfléchi de mes parents. Mon père, magistrat et ma mère, maître de conférences, décident d’adhérer au R.P.R., alors qu’une bonne partie de leurs amis avaient choisis le P.S. Peu de choses séparent ces organisations : un peu moins de social, un peu plus de libéralisme … Mais au pouvoir, la différence n’a que peu d’importance, il s’agit de gérer le pays ! C’est dans cet environnement familial que je vais grandir. Après l’Ecole Alsacienne et les classes préparatoires du lycée Henri IV de Paris, j’entre à l’ESSEC, puis Sciences Politiques. Je suis reçu, à ma première tentative, à l’Ecole Nationale d’Administration où j’ai comme condisciples des gens dont les noms sont déjà bien connus dans le monde des affaires et de la politique : Seillière, Villepin, Copé, Larcher, Breton, Messier, Hollande etc. Que du beau monde et ma promotion, un grand ‘’cru ‘’, se choisira comme nom celui d’« Antoine Pinay », ancien Président du conseil de la IVe République, mort centenaire et surnommé : « le sage de Saint-Chamond » ou, plus trivialement, « l’homme au chapeau rond » ! Dés ma sortie de l’ENA, grâce aux relations de mes parents et de mon propre engagement à l’UMP, conforme au leur, j’entre dans un cabinet ministériel comme chargé de mission. Je découvre alors les ‘’us et coutumes’’ du véritable pouvoir qui n’a rien de commun avec la vie réelle. Dorénavant, je participe au microcosme politico-médiatique parisien qui est la caractéristique de la gouvernance de ce pays. Je fais rapidement l’apprentissage du ‘’cursus honorum’’ qui me mènera là où je me trouve aujourd’hui. Entre temps, je me suis fait élire sénateur d’un département d’Ile de France, il faut toujours assurer ses arrières, c’est le b-a, ba de la politique. L’an prochain, il est absolument nécessaire que je me fasse élire maire de l’une des principales villes du département (l’appui de Patrick m’est indispensable). Sénateur maire, voilà qui a de la gueule et m’assure l’avenir pour quelques années ! Mon emploi du temps, avec toutes ces responsabilités, est très serré. Je suis en contact permanent avec mes chargés de communication. Ce sont aujourd’hui, dans cette société ultra médiatisée, mes principaux collaborateurs dans le ministère. J’applique à la lettre les instructions du Président Kossard : « Faire savoir, avant de savoir faire ! ». Hier matin, j’étais en direct sur France-Inter ; il faut préparer un entretien sur Europe N°1 pour demain … Ne pas oublier de protester auprès de France 2 à propos des images et des commentaires sur ma visite de l’entreprise de chaussures à Angers. Je n’ai pas le temps de lire les journaux et je dois ‘’avaler’’ rapidement, chaque jour, une synthèse des articles qui peuvent m’intéresser. Je ne dois surtout pas négliger les informations concernant les initiatives de mes collègues du gouvernement. Il y a une sourde rivalité avec certains : c’est à celui qui se fera le plus apprécier par ‘’le Prince’’ ou par ses proches conseillers dont l’influence est grande. En cas de réaménagement prochain du gouvernement, tout compte et, en particulier, les relations avec les conseillers.

Je viens d’avoir un coup de fil du Ministre de l’Intérieur. Il m’avertit qu’un camion fou a dévalé une rue en pleine ville et qu’il y a de nombreux blessés. Il me propose de m’y rendre en sa compagnie. Ma réponse doit être rapide, car un autre ministre est sur le ‘’coup’’ et risque de nous ‘’couper l’herbe sous le pied’’. Il s’agit d’avertir au plus vite les médias de ce déplacement : AFP, radios, télés. Ce qui compte c’est d’être présent sur le terrain, d’être vu, de prononcer deux ou trois phrases ‘’définitives’’ qui n’engagent personne et le ‘’tour’’ est joué. Le ministère de la parole n’est pas réservé aux politiciens de l’opposition. Dans dix minutes, je dois ‘’filer’’ au conseil des ministres (ma voiture de fonction est en place devant le perron). Ce mercredi, je suis tranquille, je n’ai aucune communication à faire. Je vais pouvoir écouter les autres et, en particulier, ce lécheur de Didier qui en fait des tonnes pour se faire bien voir. Pour la sortie du conseil, j’ai préparé ‘’la petite phrase’’, au cas où les journalistes m’interrogeraient. Pas trop originale, l’important est qu’elle paraisse sincère et spontanée ; c’est ce qui est le plus difficile. Je compte sur Michel pour qu’elle soit reprise au journal télévisé (il me doit bien cela, depuis que je suis intervenu pour qu’il ait, enfin, l’accréditation de l’Elysée).

Avant de partir, je dois donner des consignes à mon suppléant au sénat pour la future élection du président de cette assemblée. Pour le moment, il est encore trop tôt pour prendre une position tranchée entre les candidats de la majorité. Ecouter tout le monde, ne s’engager avec personne. C’est fait, je vais pouvoir éteindre mes portables et avoir, enfin, un peu de calme pendant le parcours jusqu’au ‘’château’’. ‘’Allo, l’ami, tu m’entends ?’’ ‘’Je vous entends très bien, Monsieur le Président’’ ‘’Alors, écoute bien. Tout à l’heure, au conseil, cet abruti de Didier doit intervenir sur la connerie du siècle. C’est ridicule. Je te demande de le casser menu. O.K. ?’’ ‘’A vos ordres Monsieur le Président’’ ‘’Pendant que j’y pense, viens donc faire un petit footing demain matin. Sept heures trente au palais’’. Tout cela est très bon, les Affaires étrangères ou les Finances, c’est pour bientôt !


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