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Le protectionnisme, dépêchons-nous avant que tout le monde y vienne

Par Jean-Luc Gonneau
jeudi 24 février 2005
par  Jean-Luc Gonneau
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Le protectionnisme, dépêchons-nous avant que tout le monde y vienne

Par Jean-Luc Gonneau

Chaque époque a ses idées reçues. Certaines d’entre elles sont même quasi éternelles. Parmi les nôtres, il y a l’irrémédiabilité de la mondialisation, qui va de pair avec les bienfaits inévitables du libre échange, pour peu que des arbitres en modèrent (éliminent, non, soyons réalistes, et sans abus, le libre échange, un, ne serait plus rigolo et, deux, n’existerait même pas) les abus.

D’ailleurs, l’histoire montre bien que le libre échange est supérieur à tout autre système : si l’Angleterre s’est industrialisée avant la France, c’est qu’elle était libre échangiste et nous colbertistes. Si la France a plongé économiquement entre les deux guerres, c’est qu’elle était protectionniste.

Tout ceci, que l’on enseigne encore dans les écoles, est bien sûr faribole. Ce sont les classes dirigeantes anglaises qui ont compris, avant les françaises, traumatisées de plus par le fiasco napoléonien, l’intérêt économique de l’industrie. Et le « libre échange » anglais du 19e siècle était largement bidon, assis en fait sur une exploitation impérialiste sans vergogne des colonies sur tous les continents. Le « libre échange » du gouvernement Bush est d’ailleurs un peu du même tonneau. Et entre les deux guerres, les européens libre-échangistes ont plongé aussi, et bien plus méchamment que les français. Bon, on arrête là pour les références historiques, c’était juste pour montrer qu’on avait, nous aussi, des munitions culturelles.

La croyance en la vertu du libre échange fait ces temps-ci monter au créneau quelques zélotes de la gauche socio-libérale, offrant le rempart de leur corps et de leur pensée, si on peut dire, à une OMC qui serait menacée par les altermondialistes et leur chef gaulois José le Moustachu. De l’ineffable Z. Laïdi à l’inévitable P. Lamy en passant par les leaders de la majorité du PS, tous s’y mettent : l’OMC, certes, ce n’est pas l’idéal, mais sans elle, ce serait pire. Ergo, ceux qui veulent sa mort sont des irresponsables, gauchistes, ça va avec. C’est oublier que le commerce, messieurs les experts autoproclamés, est aussi de la politique. L’instance politique internationale au niveau mondial existe. C’est l’ONU. Oh, bien imparfaite, elle aussi. Mais d’une certaine façon légitime. L’ONU a ses agences, imparfaites aussi, mais qui lui sont liées, l’OMS pour la santé, le BIT pour le travail, le PNUD pour le développement, la FAO pour l’agriculture et l’alimentation, etc. Tout ceci est bien beau, mais manque cruellement de moyens. Deux organismes internationaux importants échappent à la tutelle politique de l’ONU : le FMI et l’OMC. En fait, là où il y a les picaillons en jeu. Là où se situe le pouvoir économique. Là où se propage le libre échange. Là où on détruit les bases des économies des pays pauvres à coups d’ « ajustements structurels » (c’est le rôle des gangsters du FMI) pour les livrer ensuite au « libre échange » de l’OMC. Bien joué, quoique un peu trivial, puisque c’est le schéma classique du racket : un, je te démolis, deux, tu raques.

Conclusion, oui il faut une régulation du commerce. Mais à deux conditions. La première est que cette régulation soit sous la tutelle politique de l’ONU. La seconde, est qu’elle s’occupe éventuellement des scoubidous et assimilés, mais pas des produits et services dépendant des agences spécialisées de l’ONU. Les produits agricoles, à la FAO. La santé, à l’OMS. La culture et l’éducation, à UNESCO. Et comme d’autres biens et services doivent aussi échapper, au moins en partie, au marché, d’autres agences sont nécessaires, pour l’énergie, pour l’eau, pour les transports, liste non exhaustive.

Après ces fresques et frasques planétaires, atterrissons dans notre cher hexagone. Pour la première fois, nous annonce un économiste, les emplois détruits en Europe de l’ouest, et notamment en France, par les délocalisations sont supérieurs en nombre à ceux créés par les services et les secteurs de pointe. Que ce soit réellement la première fois, nous en doutons. Mais c’est la première fois qu’un économiste institutionnel l’admet, ou le découvre. Et ça ne va pas s’arranger, insiste ce gâte-sauce. Et nous n’avons plus de sources de création de nouveaux emplois en réserve, pleure ce rabat-joie. Maintenant, ce sont des travaux très qualifiés qu’on délocalise, programmation et autres turbins informatiques, commerce en ligne, marketing etc. Nos économistes découvrent la lune, mais nous autres, qui avons lu les auteurs sinon bons du moins informés nous souvenons de ce qu’écrivait Robert Reich, conseiller social de Bill Clinton au début de son premier mandat. L’humanité laborieuse devait se diviser en trois catégories : les industries de production, de plus en plus délocalisées, prolétarisées, automatisées, les services de proximité, mal payés mais de plus en plus nécessaires à la classe dominante, qu’il nommait, non sans humour, les manipulateurs de symboles (financiers, consultants en tous genres, politiciens ...). Bref, le grand retour du personnel de maison auprès des nouveaux puissants et le ballet urbain des livreurs de pizzas, le tout assis sur un lumpen mondialisé. Nous y sommes presque. Voilà à quoi mène le libre échange à tout va. Voilà pourquoi il est nécessaire, socialement, mais aussi économiquement, de revenir, au moins en partie, au moins pour les secteurs que nous avons évoqué précédemment, à des mesures de protection. Elles ne sont pas égoïstes, pas plus en tout cas que le libre échange que nous connaissons. Elles permettent, et même invitent à la réciprocité : pour les pays les plus pauvres, le protectionnisme est une condition indispensable pour marcher vers le développement. N’importe quel acteur du développement sait ça, depuis des lustres.

Le protectionnisme redonne des marges de manœuvre au politique, que ce soit dans un cadre national ou dans une zone géographique donnée. On oublie un peu vite que le Marché Commun, ancêtre de notre Union Européenne, a pu s’épanouir, avant de se vautrer dans les délices libéraux, grâce à des protections douanières (T.E.C., Tarif Extérieur Commun) face à l’extérieur.

Un pays comme le nôtre peut-il, unilatéralement, prendre des mesures protectionnistes sans subir des représailles considérables ? Nooon, crieront, effarés, hagards, apoplexiques, les prêtres libéraux, sociaux ou pas. Un premier argument sera que, le voudrait-elle, la France ne peut pas décider de telles mesures, compte tenu de ses engagements européens. Irrecevable bien sûr : l’Europe a autant besoin de la France que celle-ci de l’Europe, et ce qu’un accord a fait, un autre peut le défaire, sauf à considérer que l’Europe est une geôle perpétuellement vouée au libéralisme. Le second tient au fait que la France est dépendante de l’extérieur pour beaucoup de ses approvisionnements, et y a des débouchés pour ses produits qui sont vitaux pour nos entreprises. Une politique utilisant avec doigté le protectionnisme est aussi une politique où la diplomatie retrouve de l’importance, où les accords bilatéraux retrouvent force au détriment, partiel, des accords multilatéraux. On a là, soit dit en passant, une application sensée du principe de subsidiarité. Aux accords multilatéraux les grandes questions internationales. Aux accords bilatéraux les arrangements de confort entre amis.

Lors de nos échanges avec nos concitoyens, de tous milieux, nous constatons que l’idée d’un protectionnisme tempéré séduit de plus en plus. Ce truc là va devenir furieusement tendance, vous allez voir. Alors, pour une fois, soyons en avance, lançons la protection fashion.


Commentaires

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dimanche 28 décembre 2008 à 20h45 - par  インプラント

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mardi 29 novembre 2005 à 18h58 - par  François Guion

Bonjour
Le protectionisme est il une solution pour la sécurité alimentaire des pays en voie de développement ? Si oui quel pourrait être les effets des traitements spéciaux et différenciés qui vont se négocier au prochaine négociations de l’OMC à Hong Kong dans quelques jours.

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