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P.S. : ANCRE A GAUCHE ?

lundi 18 avril 2011
par  Jean-Luc Gonneau
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Il s’est fait attendre, le projet du Parti Socialiste. Un teasing ? Plutôt un millimétrage, donc forcément laborieux, susceptible de convenir à tous les candidats éventuels, que l’organisation d’une primaire départagera. Même si la plume de Guillaume Bachelay s’est évertuée à en faire un « récit » (peu réussi), le projet demeure un ensemble de propositions, sorte de dénominateur commun (nous n’avons pas écrit « plus petit) aux diverses tendances du parti. La presse l’a abondamment signalé, et les porte-parole officieux ou officiels des impétrants à l’élection l’ont rappelé à profusion : le projet convient à leur champion. Cet objectif est donc atteint. Quoique les porte-parole, notamment les officieux, ne se gênent pas pour vanter la souplesse du projet. En d’autres termes, leur champion pourra le modeler à sa convenance, choisir ses priorités, mettre à l’écart, avec discrétion bien sur, ce qui pourrait le gêner. Tout ceci n’est pas nouveau : ce fut le lot de tous les projets du PS avant l’élection présidentielle, à l’exception notable de François Mitterrand, qui fit campagne en 1981 sur la base des 110 propositions du PS, et en 1988 en se passant de propositions.

Dès le projet dévoilé, les commentaires se sont divisés en deux camps principaux : la droite, l’inévitable Jean-François Copé en tête l’a balayé en deux lignes : un projet ringard, qui reprend de vieilles recettes qui ont échoué. Commentaire indigent : il est faux de dire que les « vieilles recettes » ont toutes échoué (il est loisible, en outre, d’être plus que dubitatif sur la « réussite » des « jeunes projets » de la mandature Sarkozy), et s’il en est qui ont échoué, il serait convenable de dire lesquelles et pourquoi. Ce que se garde bien de faire Copé. Une partie de la presse a titré : un projet ancré à gauche. C’est à peu près exact si on considère la rhétorique utilisée : installer des mécanismes de régulation des loyers, tenter de dissuader les licenciements boursiers par des pénalités financières, donner le droit de vote aux immigrés installés dans le pays, redonner à des services publics (santé, éducation) les moyens de fonctionner normalement en revenant sur l’entreprise de démolition du sarkozysme, voilà des propositions de gauche. Donc, tout est d’équerre ? Heu, pas vraiment. C’est tout de même mieux que Sarkozy, quand même ! Ouais, c’est sur, mais tout est mieux que Sarkozy, à part Marine Le Pen. Pff, z’êtes jamais content.

Non, nous ne sommes pas vraiment contents. Car le projet du PS est muet sur ce qui nous semble au cœur d’un choix politique : peut-on s’accommoder de la mondialisation financière qui, de fait, gouverne la planète ? Non, diront sans doute, et sincèrement, bien des socialistes (d’autres ânonneront que c’est « inéluctable », quel vilain mot). Si c’est non, il est nécessaire d’aller beaucoup plus loin que le projet socialiste : revenir sur l’obligation de financer les dettes publiques par les marchés financiers, obliger à séparer les activités bancaires d’affaire et de dépôt, sanctionner les entreprises utilisant les paradis fiscaux ou transférant leurs résultats positifs hors frontières (Total ne paye pratiquement pas d’impôt sur les bénéfices en France), imposer les revenus du capital au moins autant que ceux du travail, accessoirement, quoique, interdire les stock options et autres retraites chapeau). Les propositions du PS vont bien en deçà : la création d’un pôle de financement public est un bonne chose, sauf qu’il existe déjà, c’est la Caisse des dépôts ; la limitation de certains salaires ( peu en vérité) est une bonne chose, mais quid des avantages hors salaires, qui se sont multipliés depuis trois décennies, la proposition de la création d’euro bonds européens pour financer des investissements dans les activités de pointe, en voilà une idée qu’elle est bonne, mais il faudra en convaincre l’Allemagne et la Banque centrale européenne, et puis cela ne résout pas le problème de la dette. Bref, on le comprend car on n’est pas tout à fait naïfs, sur ce point le projet socialiste est FMI-compatible : quelle surprise.

En fait, le PS ne renonce pas à la prééminence du marché (et donc à sa fameuse, et inepte « concurrence libre et non faussée »). Dans sa logique, on fait appel, à quelques exceptions près, si celui-ci dérape. Ne faut-il pas inverser le paradigme ? Ne faire appel au marché que si on ne peut faire mieux autrement.

Sans avoir, loin de là, la prétention de faire une analyse exhaustive du projet socialiste, nous relèverons deux points qui nous paraissent là aussi timorés : au niveau de l’emploi, si l’accent est mis, à juste titre et n’en déplaise à Jean-François Copé sur les emplois des jeunes, c’est le silence pour les autres, sauf l’espoir d’un taux de croissance (2,5%) qui n’a rien d’automatique ; au niveau du logement, c’est très bien de tenter de juguler la hausse des loyers, ce serait mieux (et ce serait bon pour la croissance) d’avoir un ambitieux projet de construction de logements socialement accessibles là où le besoin se fait sentir. Cher ? La municipalisation des sols serait-elle une utopie ? Pourtant, tout indique que l’emploi et le logement sont les préoccupations premières de nos concitoyens.

A celles et ceux qui nous trouveraient ronchons, donnons cependant un bon point : le PS envisage, avec toute la prudence qui est la marque de son projet, des dispositifs protectionnistes vis-à-vis des pays « low costs ». Si le PS veut en passer par l’Europe sur ce point, il faudra batailler ferme, être agressif sans doute. En tout cas ne pas être OMC-compatible.


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