LE QUINQUENNAT DU MENSONGE
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On s’en doutait, avant même 2007, que Nicolas Sarkozy se moquait du monde. Son « travailler plus pour gagner plus » avait sans doute attiré les naïfs qui pensaient que, peut-être, eux, pourraient obtenir la petite gratte qui permet un peu de beurre dans les épinards ou au moins un passage budgétaire de la fin du mois moins serré. Ceux-là en ont été pour leurs illusions. Pas tous : les déjà riches, en moyenne, ont pour leur part été bien servis : fromage et dessert, café et pousse-café.
Ce mensonge originel a été suivi de bien d’autres, commis par l’omniprésident ou par ses séides, mais démentis. Mensonges de Xavier Darcos puis de Luc Chatel quand ils prétendent que les suppressions de postes dans l’éducation nationale ne sont pas d’influence sur la qualité de l’enseignement public. Mensonges des mêmes et de leur mentor quand la revalorisation des métiers d’enseignants est annoncée chaque année, et se réduit, au mieux, à des mesurettes. Résultat : crise du recrutement d’enseignants qualifiés (amplifiée par une « réforme » du parcours de formation abracadabrante), et proposition d’embauche par l’intermédiaire de Pôle-Emploi de milliers d’enseignants précaires.
Mensonges de Nicolas Sarkozy, de Xavier Bertrand, de Laurent Wauquiez concernant les chiffres du chômage, manipulés comme jamais (et pourtant, les manips, c’est historique dans ce domaine). Mensonges de Brice Hortefeux et de Claude Guéant sur les chiffres de la délinquance (autre mine à manipulations) Mensonges du même Guéant qui assure d’avoir pas dit ce qu’il a dit. Mensonges d’Eric Woerth concernant un certain hippodrome, bien public bradé à prix d’amis à des amis. Mensonges de Roselyne Bachelot, la célèbre acheteuse en gros de vaccins inutiles, quand elle affirme sans se lasser que l’hôpital public va bien (mieux que bien, aurait dit Jean-Marie Messier, autre menteur d’élite, du temps qu’il ruinait Vivendi).
D’aucuns pourraient remarquer, à juste titre, que le mensonge en politique n’est pas une nouveauté. Et même que les prédécesseurs de Nicolas Sarkozy ont tous, plus ou moins, et souvent plus que moins, pris des libertés avec les réalités. Dans un proche passé, ni François Mitterrand, ni Jacques Chirac (le « super-menteur » des Guignols de l’info) ne sont passés pour des prix de vertu. Avec Nicolas Sarkozy, nous sommes passés à une autre échelle : le mensonge comme outil politique majeur. Si nous étions magnanimes, mais ce n’est pas le cas en l’espèce, nous pourrions dire que la clique gouvernementale n’a pas le choix : l’échec est tellement patent, tellement généralisé, que seuls des mensonges à répétition peuvent tenter de voiler la réalité. Oui mais voilà, comme disait Abraham Lincoln, vous pouvez tromper quelques personnes tout le temps. Vous pouvez tromper tout le monde un certain temps. Mais vous ne pouvez tromper tout le monde tout le temps.
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