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GUERRE : UN SHADOCK S’EXPRIME

dimanche 29 juillet 2018
par  Jacques-Robert Simon
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La guerre est indispensable pour que ceux qui obéissent puissent faire obéir ceux qui n’obéissent pas et que les premiers puissent vendre des armes afin que ceux qui n’en ont pas puissent faire aussi la guerre.

Les Zélites ne sont pas vraiment bêtes, ils arrivent (pas toujours) à réciter du Bruel, faire des règles de trois, distinguer le sinus du cosinus. Ils ne sont pas non plus véritablement méchants mais ils considèrent qu’un groupe, suivant en cela le deuxième principe de la thermodynamique, doit avoir une source chaude, le chef, et une source froide, les autres. Cette façon d’agir, que d’aucuns appellent façon de penser, provient en grande partie de leur réussite à une interminable scolarité où ils ont appris à faire fidèlement ce qu’on leur disait de faire, c’est à dire n’importe quoi, mais plus vite que leurs voisins. Ils pouvaient cependant s’épargner cette peine en étant riches. Les Zélites étaient donc instruits même si le fonctionnement d’un presse-purée leur semblait encore mystérieux. Leur devise, qui avait fait oublier tous les anciens slogans spiritualistes, était : « Il vaut mieux faire la guerre même si cela n’améliore rien, que de risquer qu’il se passe quelque chose de pire en ne la faisant pas. » Et pour un Zélite digne de ce nom, donc riche, la guerre permet de mettre en œuvre tout ce qu’il a appris sur cette discipline qui distingue l’homme (et de plus en plus de femmes) des babouins (même si chez ces derniers, il y a des mâles « alpha » qui accèdent plus facilement à la nourriture et aux femelles que les autres et qui donc permettent d’obtenir un semblant de civilisation). Le Zélite ne s’intéressait que marginalement à la nourriture sauf de haute qualité, c’est à dire coûteuse, et aux femelles sauf jeunes et pas trop expérimentées : il avait à portée de main tout ce qui pouvait le rassasier. Non le Zélite voulait régner, être grand, rester dans les livres d’histoire, plier à sa volonté la multitude qui ne connaissait à peu près rien de l’entropie, de l’ordre, du désordre, toutes ces théories d’autant plus incontournables qu’on ne les connait pas ou si peu. Pour ce faire, le Zélite voulait la guerre : « Il faut faire la guerre pour vivre et vivre pour faire la guerre ». Bien entendu ce genre d’attitude va à l’encontre de toute raison raisonnante, de toute tentative de distinguer le vrai du faux, mais il fallait faire vite, très vite : « Quand on ne sait pas où on va, il faut y aller le plus vite possible » afin que tout le monde suive sans regimber.

Les Zélites détenaient la vraie foi, bien plus grande et bien plus puissante que celle qui attendait des miracles d’un miséreux qui avait le culot de chasser les marchands du temple. Les Zélites croyaient en eux-mêmes, rien qu’en eux. Ils pouvaient disserter des heures entières sur leurs capacités, leur culture, leur habileté intellectuelle, leure aptitude à échanger des miettes d’instant pour se régaler d’un festin dans le futur. Toutefois, ils n’auraient pas pu exprimer clairement la teneur de cette foi si ce n’est qu’il fallait pomper, ou plutôt faire pomper l’immense majorité de la planète car ils ne goûtaient guère les activités autres que le commandement, et détestaient toute forme de travaux manuels. Pomper c’était faire fonctionner avec efficacité et célérité le système qui leur avait permis d’accéder au rang qui était le leur et qui était donc éminent. Des théories bien plus fausses que celles que l’on associe à l’entropie leur permettait de faire croire qu’ils étaient savants alors qu’ils n’étaient même pas instruits : le neuf devait remplacer l’ancien, ce dont on se doutait toutefois, même sans eux et leurs références savantes. Une nuée de sous-fifres aidaient les Zélites dans leur noble tâche : ils devaient diffuser leur foi, par les moyens modernes mis à disposition par les moyens technologiques du jour que d’ailleurs aucun d’entre eux n’avait inventé, ni même compris vraiment comment ça marchait. Moderne était associé à toute action des Zélites : il valait mieux fabriquer des robots heureux et des pauvres désespérés que l’inverse ; s’il fallait tuer un félon il fallait prendre un drone doté d’une intelligence artificielle sinon c’était un acte de barbarie.

Les Zélites de la planète entière avaient rallié les plus forts, comme toutes les élites le font toujours (ou presque). Les plus forts étaient les Gibis, du moins la branche bête et méchante des Gibis car si tous les Gibis étaient plus intéressés par l’argent que par le sexe, contrairement à toutes les autres tribus, ceux-là pensaient aussi que cette caractéristique pouvait servir de pensée. Nous les appellerons les Gibibis. Les Gibibis décidèrent d’imposer par la force la liberté de gagner de l’argent partout et toujours, en d’autres termes il fallait être moderne. Quelques millions de morts plus tard, leur liberté guidait les pas d’une immensité humaine dans presque tous les coins de la planète… sauf un. Quelques hurluberlus essayaient bien de dire que pomper n’est pas tout et qu’il faut peut-être définir un but, les Gibibis ne sourcillèrent pas : tout le monde, le monde entier doit pomper indépendamment de toute espèce de finalité car réfléchir retirerait une part significative au temps consacré à pomper.

Les plus ingénieux des Gibibis, connaissant les miracles de prospérité que font naître les guerres, eurent l’idée de créer des troubles chez leur ennemi irréductible, les Psars. De toute façon l’animosité était constante avec eux depuis la nuit des temps, peu de pauses avaient marqué les presque deux millénaires de cohabitation entre eux et la vraie civilisation. Les Gibibis ne s’intéressaient pas aux Psars uniquement parce que ces derniers possédaient un liquide magique et fabuleux qui pouvait transformer un imbécile en automobiliste (bien que beaucoup dans le monde n’arrivaient pas à discerner la différence). L’aide d’une partie des Psars, l’une des plus arriérés d’une région qui en compte tant, fut déterminante. L’un de cette fraction réussit même à sectionner le membre viril en inox ( fer avec moins de 1,1 % de carbone et12 % de chrome) qui se dressait pointé vers le ciel au cœur même de la plus importante, la plus célèbre, la plus admirée des villes : en un mot la première. Car les Gibibis adoraient compter, classer, évaluer. Par un miracle de la Nature, c’est toujours un Gibibi qui arrivait en tête des classements mondiaux : les Gibibis étaient les meilleurs et s’étonnaient que des fractions encore importantes de l’humanité ne le reconnaissaient pas.

Le membre viril en inox détruit, des efforts considérables de paix furent entrepris en rasant un pays qui s’apprêtait à être potentiellement dangereux et de toute façon qui n’avait rien à voir avec la castration architecturale précédente mais faut bien quand même faire un exemple si qu’on veut être respecté de ces sons of a bitch. Le résultat fut spectaculaire : après la multiplication des pains qu’avait connu la région, la multiplication des bombes connu un égal succès. Les avancées technologiques permettaient de mettre en avant le caractère moderne (no dead war) des nouvelles guerres : on rasait par voie aérienne des villes ennemies, des troupes terrestres pouvaient vaincre nos adversaires mais sans que nous participions aux combats, on vendait des avions à tous ceux qui étaient assez riches pour en acheter, des amis fidèles à nos valeurs finançaient des réseaux sanguinaires pour atterrer les Zélites, les Gibis et les peuples associés ce qui permettait de faire tout et n’importe quoi au nom des valeurs civilisationnelles. Les guerres Gibibis étaient présentes dès la fin de la tragique boucherie du siècle dernier. Un nouvel épisode s’écrivait en droite ligne du passé.


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