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Les chroniques du règne de Manu le Petit

samedi 14 mai 2022
par  Julie d’Aiglemont
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Chronique du huitième jour du mois du joli mois de mai, en l’an de très très grande décrépitude vingt-deux. Où il est question de manœuvres diverses et variées...ainsi que de billevesées très oubliables.

Le jour du sacre arriva. Notre Enfraisé Jouvenceau passa des heures et des heures entre les mains d’un véritable essaim industrieux de valets de pied et de perruquiers. On le poudra, on lui fit bouffer coquettement le toupet, on le cira et on le lustra. Il en alla de même avec la Reine-Qu-On-Sort, de telle sorte que Leurs Pipolesques Altesses semblaient tout droit sortir du musée de monsieur Grévin.

La Cour au grand complet assista à l’évènement. La scène fut naturellement immortalisée. Ce tableau resterait, à n’en point douter, dans l’Histoire. Que l’on en juge plutôt : au premier rang des courtisans figuraient côte à côte les deux anciens souverains, Françoué Deux dit le Scoutère et Niko 1er, dit du Petit-Marécage. Ce dernier avait pris une pose fort altière, les mains croisées sur sa panse, ce qui laissait à penser que c’était lui que l’on sacrait, cependant que son compère Françoué se triturait les doigts, la mine funeste. La baronne du Cachalot, laquelle avait fait une arrivée fort remarquée, arborant une imposante tenue d’un vert éblouissant - ce qui ne laissa de faire se gausser les Riens et les Riennes dans les chaumières tant cela leur rappelait, pour les uns une certaine réclame pour un usurier, un personnage éléphantesque de la littérature enfantine pour les autres - , se figea tel un chef d’œuvre en péril. A ses côtés, la duchesse de la Bornée dans une tenue et une mise plus modestes, d’un bleu layette, semblait confite en dévotion. La jeune duchesse de la Pompaguili, qu’on avait placée entre Françoué et le vieil archiduc du Truant, semblait avoir confondu elle aussi l’évènement avec des funérailles. La pauvrette faisait la grise mine d’une orpheline. Seul le Sire Manolo de la Valse exultait. Ses manœuvres linguales avaient enfin porté leurs fruits. Il avait obtenu de pouvoir concourir au Tournoi de la Chambre Basse sous les couleurs de la nouvelle Faction du Roy : la Renuissance. Ce fut au duc de l’Affabulus, qui présidait au Conseil des Sages de la vieille République, de proclamer le nouveau règne de Notre Cireux Phénix, lequel infligea ensuite à la noble assemblée à la triste mine une longue tirade, tout entière vouée à l’édification de sa gloire. « Ce peuple nouveau, différent d’il y a cinq ans, a confié à un souverain nouveau un règne nouveau » martela ainsi, d’une voix sépulcrale, Sa Zozotante Prorogation, sous les yeux énamourés de la Cour, au premier rang de laquelle figurait la duchesse douairière d’Amiens, dite aussi Madame Mère. Cette digne femme s’enorgueillissait fort d’avoir élevé ce bambin qui lui donnait tant satisfaction et tant d’honneurs. Puis le Roy, tout nouvellement sacré, s’en fut saluer ses courtisans et courtisanes avant qu’elles ne fondissent en une dégoulinante flaque d’adulation dans laquelle il pourrait se mirer à loisir. La duchesse de Marifasol de Belleprovince – cette ancienne Chambellane à la Malportance du roy Françoué Deux - crut défaillir quand Sa Caressante Turpitude lui toucha la joue. Elle fit à son Suzerain cet aveu : « maintenant, Sire, vous avez les mains libres, Votre Altesse peut faire ce qu’Elle veut ».

Aucune des figures de l’Opposition ne se trouvait dans l’aréopage des invités. On avait fait comme avec la vieille sorcière d’un conte de monsieur Perrault : on ne les avait point invitées. Gracchus Melenchonus et les siens avaient réuni leurs troupes à quelques lieues de là, rejointes par celles de la Faction des Jardiniers, celles du Marteau et de la Faucille et ce qui restait de la Faction de la Rose. Après treize jours et treize nuits de délibérations, voilà qu’on célébrait les accordailles de cette nouvelle Senestre. On partirait doncques unis sous la même bannière, afin de défendre les intérêts des Riens et des Riennes contre l’Église du Saint-Capital et de la Phynance. Le baron de l’Amphore avait abandonné son titre de noblesse et ce fut sous le nom de monsieur Amphorus qu’il délivra à la Convention un discours qui fut apprécié. On revenait de loin. Monsieur Ruissellus fit figure de l’embarrassant cousin de province, à la mine égrillarde, qu’il fallait supporter, quoiqu’il eût proféré tant et tant de sottises. Puis ce fut au tour de Gracchus Mélenchonus d’aiguillonner les intelligences.

Ces manœuvres n’avaient de cesse d’être violemment dénoncées dans le camp du Roy, ainsi que dans ce qui restait de la Dextre. Les Haineux se joignirent à ce concert de hululements. C’était à qui s’illustrerait le plus dans la déraison et la sottise. La petite duchesse de la Pompaguili argua que sa Faction, celle des Jardiniers, s’était tout uniment rompu l’échine. La gazetière madame de Salez-Mets s’essaya à déchiqueter monsieur Bompardus. Elle s’y cassa quelques dents. Sa commère, madame du Saint Croc-Me-Crique promenait dans tous les salons une mine des plus aigres et des plus déconfites, promettant l’apocalypse. La marquise de l’Oiseuse donna à nouveau un bel exemple de ce qui lui tenait lieu de cervelle : apprenant que Gracchus Melenchonus n’entendait point se représenter au Tournoi de la Chambre Basse, elle crut ironiser. « Comment, se rengorgea-t-elle, comment pourrait-il alors prétendre devenir Premier Grand Chambellan ? La chose ne se peut, tout simplement ! La partie est finie ! Uh uh uh ! ». Cette brave femme, qui avait fait son droit et avait été Chambellane aux Affaires de l’Europe, ignorait tout bonnement la Constitution de son pays.

Notre Fallacieux Aiglon, après son sacre, entreprit de se transporter avec la Cour au Stadium afin de rencontrer les joueurs de balle au pied. Las ! Il n’avait pas plutôt foulé de son pied gracieux la verte pelouse qu’une immense huée venue des gradins s’abattit sur ses frêles épaules. C’était ainsi que le « peuple nouveau » saluait son « souverain nouveau ». On était au Royaume du Grand-Cul-Par-dessus-Tête, au huitième jour du règne de Manuléon II.


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