https://www.traditionrolex.com/18 MEMOIRES DE LA GAUCHE UNITAIRE : CHAPITRE 1 : RAMULAUD - La Gauche Cactus

MEMOIRES DE LA GAUCHE UNITAIRE : CHAPITRE 1 : RAMULAUD

Par Saint-Silvère (pcc João Silveirinho)
dimanche 21 janvier 2007
par  João Silveirinho
popularité : 48%

L’échec d’une candidature unitaire à l’élection présidentielle ne présage pas d’une fatalité. Il est toutefois utile, peut-être, de revenir sur l’histoire récente de cette aspiration unitaire. Sans prétention d’historien, tout est trop frais encore, ou chaud, comme vous le sentez.. Sans jouer au politilogue raseur, phraseur et définitif, on en connaît trop. Nous avons donc retenu la suggestion de João : retrouver la bonne vieille tradition du mémorialiste, celle de Saint-Simon (le duc acerbe du Grand siècle, pas le semi-utopiste du siècle suivant). Un mémorialiste peut être partiel, vachard, approximatif, il peut broder un peu, d’autant qu’il ne répugnera pas à utiliser des informations de seconde ou troisième main, ce qui est parfois le pied. Des Mémoires ont un commencement. Nous l’avons fixé à l’époque de Ramulaud. Avant, avons-nous tranché, c’est de la préhistoire. La Rédaction.

Il advint qu’à la fin du mois de juin de l’année 2003 parut dans un quotidien français du soir un texte signé, entre autres, par Clémentine Autain, Patrick Braouzec, Claude Debons, Yves Salesse, qui proposait une sorte de « refondation » de la gauche, prenant ses distances avec ce que l’on appelait déjà le social libéralisme. Transformé en appel, il connut un certain succès. La liste des signataires s’allongea. On y trouva des personnalités de la société civile (Mouloud Aounit, Claire Villiers...), des socialistes en goguette (Gérard Filoche, Jean-Luc Mélenchon...), des Verts de diverses obédiences (Francine Bavay et Patrick Farbiaz en poissons-pilotes de Noël Mamère, Martine Billard, Marie-Christine Blandin, Alain Lipietz, tandis que leur secrétaire général de l’époque, Gilles Lemaire, tactiquement non signataire, n’était pas le moins assidu aux réunions), des alternatifs de tous poils, le terme est adéquat, dont les représentants du parti éponyme), un quarteron d’évadés du chevènementisme (dont Eric Halphen, Eric Coquerel), quelques Cactusiens toujours curieux (Jean-Luc Gonneau, Paul Taglang, Paul Violet...), des « rénovateurs » communistes (Roger Martelli, Pierre Zarka), des « coperniciens », et tout un tas d’ex de bien des barouds.

Un certain succès, limité cela dit à quelques milliers de signatures. Suffisamment cependant pour alerter les partis de gauche. Si le Parti Socialiste négligea l’affaire, les stratèges du Parti Communiste et de la LCR tinrent conseil. Le PCF autorisa quelques signatures en dehors de sa composante rénovatrice, dont celle de Bernard Birsinger, le regretté maire de Bobigny, et dépêcha son diplomate en chef Jean-François Gau pour « observer avec sympathie » ce qui se tambouillait, mot là encore adéquat puisque les réunions se tenaient dans une salle de restaurant, Chez Ramulaud, tenu alors par le fort actif Gilles Bénard, et qui donna son nom à l’appel. Le conciliabule de la LCR prit la forme habituelle : Alain Krivine et sa majorité estimèrent que cette initiative n’était pas politiquement convenable et refusèrent de s’y associer. Leur opposition rétorqua tout aussi classiquement que ce refus était une « faute politique » (à notre connaissance, l’adjectif « majeure » ne fut pas accolé, on a le sens de la nuance à la LCR). Et une petite cohorte de trotskistes, emmenée par Christian Picquet et Francis Sitel se joignit donc à l’appel, à titre personnel.

On trouvait donc déjà une partie du personnel politique qui allait ensuite conduire la bataille contre le projet de traité constitutionnel européen, puis tenter de donner à ce vote une traduction politique unitaire. On trouvait déjà ce qui fait le charme de la gauche unitaire : des personnalités attachantes, et même talentueuses, des cultures politiques diverses, une volonté de créer un espace politique nouveau. On y trouvait enfin ses faiblesses : une population en général blanchie sous le harnois de moult combats, très largement masculine, et de très modeste diversité d’origines, quelques rabat-joie, et surtout des appréciations très différentes sur les objectifs de cette initiative. Prudence, pour ne pas dire plus, des appareils politiques, bougisme, comme disait Chevènement, devenu expert en immobilisme, de certains, aspiration à une recomposition de la gauche pour d’autres. Le positionnement politique de cet embryon de rassemblement était lui-même sujet à interprétation. Les uns y voyaient les bases d’un « pôle de radicalité », pont entre, en gros, communistes et extrême gauche, et les autres visaient, tant qu’à faire, à la construction d’un mouvement capable de rivaliser électoralement avec les socio-libéraux du Parti Socialiste.

Les réunions succèdèrent aux réunions dans une typique atmosphère d’anorganisation, ce qui ne pouvait durer. Un soir, donc, des voix s’élevèrent plus fort pour proposer une structuration, évidemment démocratique et pluraliste. Roger Martelli, esprit fin et délié mais tacticien parfois approximatif, sortit alors de sa poche une liste toute faite. Le résultat prévisible fut immédiat : levée de boucliers générale. En fin de réunion, il fut décidé, dans un brouhaha habituel, de faire circuler une liste pour constituer une « coordination provisoire », ou se retrouva un représentant du Cactus. Tous les postulants étant approuvés de fait, la coordination proposa un colloque, des groupes de travail pour le préparer, ce qui, bonne surprise, fonctionna.

Le colloque, historique, forcément historique, se déroula le 28 septembre dans un lieu qui ne l’était pas moins, la Maison des Métallos à Paris, avec la participation des huiles plus haut mentionnées et de quelques autres, parmi 400 participants. Ateliers thématiques dans une ambiance à la fois studieuse et bon enfant le matin, rapports en plénière, comme toujours un peu laborieux l’après-midi. Puis débat général, qui tourna rapidement autour d’un sujet principal : quelle attitude pourrait prendre le rassemblement face au projet de traité constitutionnel européen en gestation ? Une forte majorité se dessinait pour un refus. Alain Lipietz et quelques autres plaidèrent pour une attitude positive. Tout n’allait pas encore trop mal, quand le président de séance, Yves Salesse, appelé à faire une synthèse, se lança dans une charge contre le PS qui n’était jusque là pas à l’ordre du jour, et proposa une position attentiste vis-à-vis du traité constitutionnel, au dam d’une certaine dimension de la majorité de la salle. Résultat prévisible et immédiat : les amis de Jean-Luc Mélenchon, celui-ci en tête, quittaient la salle. « Ramulaud » avait vécu.

(à suivre)


Commentaires

Brèves

1er mars 2012 - BREF HOMMAGE A MENDES FRANCE, par François LEDRU

Chez les Ledru, bourgeois catho (comment puis-je être si différent d’eux ?), les gosses (...)

17 août 2009 - SIGNEZ LA PETITION ANTI-BONUS !

Les grands dirigeants du monde prétendent ne rien pouvoir faire dans leur pays contre le retour (...)

25 mai 2008 - NOUS SOMMES ELUS DU PEUPLE, PAS DE SARKOZY : POUR LA DEFENSE DU DROIT DE GREVE : DESOBEISSANCE CIVILE DES ELUS !

Le 15 mai 2008, le président de la République en titre a osé remettre en cause le droit de (...)
https://www.traditionrolex.com/18 https://www.traditionrolex.com/18