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UN PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DE GAUCHE PEUT-IL ETRE DE GAUCHE SOUS LA VE REPUBLIQUE ?

Par Michel Lefebvre et Yvonne Mignot-Lefebvre
jeudi 5 avril 2007
par  Michel Lefebvre et Yvonne Mignot-Lefebvre
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Il faut se rappeler que l’élection du Président de la République au suffrage universel a été adoptée en novembre 1962, à l’initiative du général de Gaulle, par référendum. Il faut se rappeler que la France, en pleine reconstruction après une guerre mondiale très proche, vivait la phase historique de l’indépendance de ses anciennes colonies. Aux yeux des français un Président de la République, qui plus est un personnage hors du commun, jouissant d’une position hors norme permettait de mener une politique vigoureuse de redressement national. Malgré une très forte opposition de la gauche, le oui au référendum l’emporta. Ainsi la France se dota-t-elle d’une Constitution que l’on peut qualifier de présidentielle.

La Ve République réserve deux grands champs de pouvoir quasi absolu au Président de la République : la politique étrangère et la défense. En outre le Président peut dissoudre l’Assemblée, utiliser l’article 16 ; inciter son gouvernement à user de l’article 49. Il nomme le Premier ministre et désigne les présidents ou assimilés d’une foule d’institutions les plus diverses... À noter cet article 18 de notre constitution : Le Président de la République communique avec les deux assemblées du Parlement par des messages qu’il fait lire et qui ne donnent lieu à aucun débat. Une véritable exception française !

François Mitterrand, farouche partisan du non au référendum de 1962, ne remit pas en cause, une fois au pouvoir, les prérogatives du Président. Ces habits lui convenaient sans doute très bien. Il laissa ces prérogatives, indirectement, se renforcer considérablement par le fonctionnement même de l’Union européenne.

Les directives européennes, véritables cellules souches de nos lois, sont préparées par la Commission européenne et arrêtées par le Conseil européen qui réunit les chefs d’État, les chefs de gouvernement et le Président de la Commission. Il reste au parlement français la tâche de les adapter à notre législation. De fait, le Président de la République exerce à la fois les rôles exécutif et législatif.

Cette puissante fonction du Président de la République entraîne une folle surenchère des discours et des postures des candidats potentiellement éligibles, visiblement fascinés par ce pouvoir exorbitant. Puisque le Président de la République est puissant, il convient que les candidats indiquent ce qu’il faut faire en toutes circonstances. Au fil des interpellations, avec une poignée de conseillers, ils prennent position sur une multitude de dossiers complexes : éducation, recherche, Airbus, Iran, 35 heures, politique industrielle, politique de la santé, Europe, délocalisation, banlieue, nucléaire, aides familiales, SMIG, immigration, politique africaine... Un poème de Prévert. Ces candidats se caricaturent eux-mêmes en leaders virtuels tout-puissants. Ils deviennent de véritables personnages de bandes dessinées. Ils frisent le ridicule.

Or mener une politique de gauche, c’est prendre le temps nécessaire à l’organisation des énergies dans le respect des principes de justice, d’attention aux fragilités des minorités, de partage des pouvoirs économiques, d’exploitation raisonnée des ressources naturelles. Une politique de gauche implique du travail concerté, de l’organisation sociale, de la programmation, du temps. La politique de la gauche, c’est la politique de l’intelligence collective. Il est évident qu’elle est quasi impossible sous la Vè République. Les citoyens le comprennent subjectivement quand ce n’est pas objectivement.

À ce jeu-là, le candidat (ou la candidate) de gauche se déconsidère en se mettant en porte à faux dans ses discours et dans sa position. En revanche, le candidat de droite, lui, maintient une certaine image, puisque c’est le privilège d’un chef de décider de tout. Nous pouvons alors prévoir qu’une majorité d’électeurs porteront leurs voix sur un candidat dont la position est la plus cohérente avec une fonction de Président fondée sur des valeurs de droite, peut-être d’une droite modérée pour limiter les risques.

La seule programmation que la gauche est en train de réaliser avec talent est celle d’un échec sophistiqué. La gauche a raté, sous François Mitterrand, une réécriture de la Vè République. L’alternance n’est pas pour demain.

Michel Lefebvre et Yvonne Mignot-Lefebvre animent le Groupe d’Analyse des Pouvoirs Sociétaux et Economiques (www.gapse.com)


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