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LORIENT 2 : ALORS, LA GAUCHE ENSEMBLE, ÇA AVANCE-T-Y ?

Par Jean-Luc Gonneau
lundi 3 septembre 2007
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Après les constats de la veille, décrits par Jean-Michel Dejenne, il revenait, le 25 août, à Francis Wurtz, François Delapierre et Alain Hayot de plancher sur l’avenir de la gauche. Rude tâche, défrichée un peu la veille par Jean-Claude Gayssot et votre serviteur, mais juste un peu, car d’une part le temps manquait, et d’autre part nous ne voulions pas, bons camarades que nous sommes, assécher le débat du lendemain.

Francis Wurtz nous a d’abord rappelé un devoir élémentaire, ce qu’il a considéré, à juste titre, comme un devoir moral : nous devons tout faire, et ce quel qu’ait été notre vote lors du référendum sur le TCE, pour que le mal nommé mini-traité dont Nicolas Sarkozy assure la promotion et revendique la paternité vienne devant le suffrage universel. Car, dit Francis Wurtz, il s’agit avant tout d’une exigence démocratique, renforcée par le fait que, moyennant quelques atténuations sémantiques, le président de la République tente de faire passer le même plat que les électeurs ont nettement refusé en 2005. Voilà, dit-il, un premier chantier pour la gauche, et les ripostes aux premières mesures du gouvernement devraient aussi permettre de multiplier des initiatives communes à toute la gauche.

L’ami Francis est expérimenté, et ne pensait sans doute pas se tirer comme ça du débat. En tout cas, François Delapierre, délégué général de Pour la République Sociale, était venu pour appuyer sur un point sensible, celui de l’outil commun à construire. Il fit d’abord un sort à ce qui est souvent apparu dans la presse lors de la campagne présidentielle, et plus encore après, sur la prétendue impréparation ou improvisation de la candidate socialiste. Dès 1984, rappelle-t-il, un petit groupe, dit des « transcourants », regroupant surtout des fidèles de Jacques Delors parmi lesquels François Hollande et Ségolène Royal demandaient un aggiornamento du PS. Ils n’ont jamais cessé depuis de se nourrir aux sources d’une « troisième voie » empruntant beaucoup à Tony Blair, Gerhard Schröder et... Bill Clinton. Ils ne furent d’ailleurs pas les seuls, Dominique Strauss-Kahn et ses amis multipliant les ponts avec les think tanks blairistes. La thématique de la campagne de Ségolène Royal ne devait donc rien au hasard, pas même son ballet chassé-croisé avec François Bayrou. Face à ce que François Delapierre considère, à juste titre pensons-nous, comme une dérive, il importe de construire une alternative à gauche, certes sur des idées et des propositions, mais aussi, et selon lui le point est central, sur un outil, c’est-à-dire une organisation, par exemple en s’inspirant du nouveau Linke allemand, qui rassemble communistes, gauche socialiste et éléments venant du mouvement social.

François n’est pas né de la dernière pluie et sait pertinemment que le PCF est en phase introspective. Il a aussi entendu la veille Jean-Claude Gayssot répéter ses interrogations sur la pertinence du maintien du mot « communiste » au fronton d’un parti de gauche, et Jean-Luc Gonneau plaider lui aussi pour une sorte de Linke. Il espère peut-être, sans trop d’illusions, quelques encouragements de la part de Francis Wurtz et Alain Hayot, membres de la direction du PCF. Ce dernier, sociologue universitaire à Aix-Marseille et vice-président du Conseil Régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, a insisté sur la nécessité de remettre à plat toute une série de concepts historiques : étatisme, collectivisme, nationalisme, productivisme, en tenant compte de l’évolution de la société et des nouvelles adéquations qui doivent être réfléchies par la classe politique Il se montrera prudent quant aux pistes indiquées par François Delapierre, ne souhaitant manifestement pas prendre une position avant le débat interne du PCF, mais évoquant néanmoins la possibilité d’un espace fédéral ou confédéral à gauche, qui n’est pas incompatible avec ce qu’il appelle un « espace communiste rénové ». On retrouvera cette prudence dans la seconde intervention de Francis Wurtz. Oui, le sujet de l’outil est important, répond-il, mais est-ce le plus urgent, même si l’adaptation des partis à de nouvelles formes de lutte et à la mesure de l’espace européen est nécessaire ? On le voit, les bonnes volontés ne manquent pas, mais les choix politiques ne sont pas faits. Selon le tempérament de chacun, on peut se montrer optimiste ou pas. Le Cactus/La Gauche ! est toujours optimiste : nous avons besoin d’un nouveau parti de gauche, construit à partir du PCF et de la gauche socialiste, ouvert à d’autres composantes et à la société civile.

Un mot et même plusieurs pour l’équipe de Vents d’Ouest, Daniel Gilles, Thierry Goyet et leurs amies et amis, qui ont organisé un accueil remarquable, et une animation des débats impeccable. Un mot aussi d’excuse à Charlotte Girard, l’élégante (et pugnace) animatrice de PRS, présente à Lorient, et qu’une erreur typographique avait malencontreusement transformée en Chantal Girard dans notre dernier numéro. Mais qu’il soit dit bien fort que Charlotte est et demeure Charlotte. Et notre négligent typographe a du copier cent fois Charlotte n’est pas Chantal et Chantal est Charlotte. Un mot enfin pour saluer la visite de Marie-George Buffet, venue en voisine vacancière.


Commentaires

mardi 11 septembre 2007 à 14h15

Côté PCF, ma référence n’est pas Jean-Claude Gayssot qui ne doit plus guère n’avoir que les timbres pour se dire communiste ... mais je suis de très mauvaise foi !!! Heureusement, j’étais en retraite quand il aurait pu être mon ministre de tutelle !

Il n’est pas question de faire un repli sur soi, mais, il faudra beaucoup de clairvoyance, de discernement et d’habileté dans la négociation avec les "amis", ne serait-ce que pour éviter les alliances contre nature.
(Je n’ai pas oublié St Ouen, où j’ai pu me rafraîchir la mémoire en retrouvant un anticommunisme primaire viscéral de "derrière les fagots" et comme je l’ai alors dit, l’adversaire ce n’était pas le Fn, l’UMP et consorts, c’était et c’est le PCF.)
mais il ne faut pas s’inquiéter, nous veillons au grain.

En tous cas, merci d’avoir lu et publié mon commentaire d’amateur.
Salutations, et peut-être à la Courneuve ?

Marif

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lundi 10 septembre 2007 à 11h32 - par  Jean-Luc Gonneau

A l’attention de Marif en particulier et de tout le monde en général.

Le seul à Lorient à avoir évoqué explicitement le changement de nom du PCF est Jean-Claude Gayssot, qui a argumenté cette proposition. Qu’elle soit discutable est évident, c’est le lot de toute proposition.
Mais la question centrale de Lorient, à mon sens, c’est la réflexion sur la construction d’un outil politique pour une gauche alternative au libéralisme, outil dans lequel la présence des communistes est indispensable : nécessaire masi pas suffisante, comme disent les mathématiciens. Je le répète encore : deux dangers (au moins) guettent le PCF : l’un est l’émiettement dans des fiefs ou chaque leader local s’autonomise (on a des exemples), l’autre est un repli sur soi qui conduirait au final le PCF à devenir une copie incertaine de la LCR (on a des exemples aussi).
Amicalement à toutes/tous

samedi 8 septembre 2007 à 15h07

De l’article de L Gonneau, je n’ai retennu que le serpent de mer du changement de nom du PCF.
Pour ce qui est des états d’âme du PS et après m’être rappelé ce postulat de Léon Blum qui disait, entre autres et de mémoire, "nous les socialistes sommes les gérants loyaux du capitalisme", sachant qu’avec le PS il faut toujours assurer ses arrières (autre postulat, avec ses exceptions qui confirment ...), je n’épiloguerai pas sur Lorient.
Je m’en tiendrai donc au seul serpent de mer du changement de nom pour le PCF :
"Communiste" ferait-il tache ? A chaque fois qu’une entité, groupe affairiste ou parti politique, a changé de nom, ça a toujours été une façon de noyer le poisson et berner l’électeur.
-  Qui se souvient de la généalogie des VEOLIA, SUEZ, AREVA et autres GENERALE DES EAUX, VINCI etc. ?
qui est qui, et qui fait quoi ? Dans le maquis des holdings, des filiales de filiales, de groupes à tiroirs, qui peut s’y retrouver ? Scandale à faire oublier ? Entourloupe à faire discrètement aux salariés ?
Pas de problème, on vend, on rachète, on restructure, ... on change de nom et le tour est joué : le bon peuple oublie vite l’historique sinon l’Histoire.
-  Qui se souvient de la généalogie de l’UMP ? Combien de fois ce parti a-t-il changé de nom ? RPR, UNR, UDR etc.
-  Qui se souvient de la généalogie du MoDem via UDF, RI et j’en oublie certainement ?
Un souci dans le parti (scandales, emplois fictifs ? Où ça ...) ? On change de nom et tout le monde est content :
Quand il faut se refaire une virginité, on change de nom, et le bon peuple oublie tout.
Et on voudrait que le Parti Communiste Français donne dans le travers du changement de nom ?
Les communistes français ne mangent pas de ce pain là. (Lire sur http://antiliberal.over-blog.net/ l’article sur la rencontre de Vénissieux).

Des choses à reprocher aux dirigeants passés (et présents ?) du PCF ? Bien sur qu’il y en a !
Mais, ce que ce parti a, que n’ont pas les autres, c’est que ses adhérents sont Communistes,et n’ont pas à en avoir honte ; changer de nom ne change pas les Hommes qui le composent, ni certains de ceux qui le dirigent.
Au passage, merci encore à Joao pour le bel article qu’il avait écrit dans le cactus sur "la drôle d’histoire du parti communiste".

Les dernières campagnes se sont faites par show télévisé interposé, avec une information sciemment orientée vers le bipartisme par les directions de rédaction des journaux radio/télé. On parlait un peu d’outsider et des tocards mais Ségozy et Sarkolène avaient droit à 3 éditoriaux quotidiens, le tout martelé par chaque bulletin horaire d’info, et le PCF était adroitement marginalisé au maximum. Moins ils en parlaient, mieux ça allait. Les statistiques le montrent bien.
Alors, peut-on véritablement croire que le PCF ayant changé de nom, les médias cesseront de ressortir les cadavres des placards, de ne citer le PCF que par "entrefilets" style "chiens écrasés" et parleront du travail fait ? NON : le pouvoir et la finance veillent au grain et musellent bien l’info sinon les journalistes.

Quant à lui donner le nom de "gauche", c’est nul et non avenu parce que bien trop galvaudé : il y a des radicaux de gauche, il semblerait qu’il y ait une aile gauche du PS, il y a des "gaullistes" de gauche et je parie qu’en cherchant bien, on finirait par trouver des UMP, des MoDem, et peut-être même des FN de gauche !!!
Je me souviens qu’au PCF on ne parlait pas de GAUCHE, mais de PROGRESSISTES et de SYMPATHISANTS qui étaient respectés car respectables.

Changement de nom pour le PCF ? Les militants du PCF n’ont rien à cacher ni à se faire pardonner. Ils doivent simplement veiller à ce que leur parole soit entendue et prise en compte par ceux qui les représentent à la tête du parti, quitte peut-être à en écarter certains pour injecter du sang neuf.

Marif.

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vendredi 7 septembre 2007 à 15h50 - par  Jean-Luc Gonneau

A l’attention de Jean Guillamot.

Il convient d’abord de bien distinguer ce que j’ai dit à Lorient des commentaires de l’ami Dejenne, qui lui appartiennent.

Il convient ensuite de préciser ou de rappeler que j’ai participé activement à la campagne de M.G. Buffet, ceci afin d’éviter toute équivoque sur, comme dit l’autre, d’"où je parle".

Dans cette affaire de candidature unitaire, le PCF, à mon sens, comme je l’ai dit à Lorient, pas bien joué le coup, et ceci en plusieurs occasions :

- lorsque José Bové, dès juin2006, a proposé une "votation citoyenne" pour désigner le ou la candidate, le PCF ( pas seulement lui, reconnaissons-le) s’y est opposé. Cette votation, compte tenu des rapports de force, aurait très probablement conduit, et ce de façon incontestable, à la désignation de MGB, avec en plus un impact médiatique que nous n’avons jamais pu obtenir

- lorsque les discussions sur les candidatures ont commencé à la coordination nationale, la délégation du PCF s’est refusée à discuter de toute autre candidature que celle de MGB, position qu’elle a maintenu
ensuite,ce qui adonné une impression de fermeture
- j’ai le sentiment que la direction du PCF avait mal apprécié les risques d’une aventure présidentielle. Ce n’est malheureusement pas la première fois que le score du parti lors de cette échéance est décevant. Depuis la candidature de G. Marchais, les scores obtenus par les candidats du PCF ont été systématiquement inférieurs aux prévisions les plus pessimistes. L’acceptation cette fois d’une candidature "amie" n’aurait sans doute pas donné un plus mauvais résultat, et de toutes façons, le résultat était politiquement plus facile à gérer : ou bien il était honorable, et le PCF pouvait se prévaloir d’en avoir été l’artisan principal, ou bien il était mauvais, et le PCF pouvait en partie s’en dédouaner. D’aucuns trouveront peut-être cette analyse cynique, mais elle est difficilement contestable.

Tout ceci appartient au passé, et nous entamons une autre phase, ce qui n’empêche pas, au contraire, de tirer quelques enseignements de ce passé.

Logo de Guillamot Jean
mercredi 5 septembre 2007 à 19h05 - par  Guillamot Jean

au cours du débat (vent d’ouest)JL Gonneau a dit au sujet des collectifs que le PCF avait commis des erreurs sans précisez lesquelles.Militant PCF de collectif j’aimerai bien savoir qu’elles erreurs ?.Es ce possible ?
Jean 56

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