LORIENT 2 : ALORS, LA GAUCHE ENSEMBLE, ÇA AVANCE-T-Y ?
popularité : 1%
Après les constats de la veille, décrits par Jean-Michel Dejenne, il revenait, le 25 août, à Francis Wurtz, François Delapierre et Alain Hayot de plancher sur l’avenir de la gauche. Rude tâche, défrichée un peu la veille par Jean-Claude Gayssot et votre serviteur, mais juste un peu, car d’une part le temps manquait, et d’autre part nous ne voulions pas, bons camarades que nous sommes, assécher le débat du lendemain.
Francis Wurtz nous a d’abord rappelé un devoir élémentaire, ce qu’il a considéré, à juste titre, comme un devoir moral : nous devons tout faire, et ce quel qu’ait été notre vote lors du référendum sur le TCE, pour que le mal nommé mini-traité dont Nicolas Sarkozy assure la promotion et revendique la paternité vienne devant le suffrage universel. Car, dit Francis Wurtz, il s’agit avant tout d’une exigence démocratique, renforcée par le fait que, moyennant quelques atténuations sémantiques, le président de la République tente de faire passer le même plat que les électeurs ont nettement refusé en 2005. Voilà, dit-il, un premier chantier pour la gauche, et les ripostes aux premières mesures du gouvernement devraient aussi permettre de multiplier des initiatives communes à toute la gauche.
L’ami Francis est expérimenté, et ne pensait sans doute pas se tirer comme ça du débat. En tout cas, François Delapierre, délégué général de Pour la République Sociale, était venu pour appuyer sur un point sensible, celui de l’outil commun à construire. Il fit d’abord un sort à ce qui est souvent apparu dans la presse lors de la campagne présidentielle, et plus encore après, sur la prétendue impréparation ou improvisation de la candidate socialiste. Dès 1984, rappelle-t-il, un petit groupe, dit des « transcourants », regroupant surtout des fidèles de Jacques Delors parmi lesquels François Hollande et Ségolène Royal demandaient un aggiornamento du PS. Ils n’ont jamais cessé depuis de se nourrir aux sources d’une « troisième voie » empruntant beaucoup à Tony Blair, Gerhard Schröder et... Bill Clinton. Ils ne furent d’ailleurs pas les seuls, Dominique Strauss-Kahn et ses amis multipliant les ponts avec les think tanks blairistes. La thématique de la campagne de Ségolène Royal ne devait donc rien au hasard, pas même son ballet chassé-croisé avec François Bayrou. Face à ce que François Delapierre considère, à juste titre pensons-nous, comme une dérive, il importe de construire une alternative à gauche, certes sur des idées et des propositions, mais aussi, et selon lui le point est central, sur un outil, c’est-à-dire une organisation, par exemple en s’inspirant du nouveau Linke allemand, qui rassemble communistes, gauche socialiste et éléments venant du mouvement social.
François n’est pas né de la dernière pluie et sait pertinemment que le PCF est en phase introspective. Il a aussi entendu la veille Jean-Claude Gayssot répéter ses interrogations sur la pertinence du maintien du mot « communiste » au fronton d’un parti de gauche, et Jean-Luc Gonneau plaider lui aussi pour une sorte de Linke. Il espère peut-être, sans trop d’illusions, quelques encouragements de la part de Francis Wurtz et Alain Hayot, membres de la direction du PCF. Ce dernier, sociologue universitaire à Aix-Marseille et vice-président du Conseil Régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, a insisté sur la nécessité de remettre à plat toute une série de concepts historiques : étatisme, collectivisme, nationalisme, productivisme, en tenant compte de l’évolution de la société et des nouvelles adéquations qui doivent être réfléchies par la classe politique Il se montrera prudent quant aux pistes indiquées par François Delapierre, ne souhaitant manifestement pas prendre une position avant le débat interne du PCF, mais évoquant néanmoins la possibilité d’un espace fédéral ou confédéral à gauche, qui n’est pas incompatible avec ce qu’il appelle un « espace communiste rénové ». On retrouvera cette prudence dans la seconde intervention de Francis Wurtz. Oui, le sujet de l’outil est important, répond-il, mais est-ce le plus urgent, même si l’adaptation des partis à de nouvelles formes de lutte et à la mesure de l’espace européen est nécessaire ? On le voit, les bonnes volontés ne manquent pas, mais les choix politiques ne sont pas faits. Selon le tempérament de chacun, on peut se montrer optimiste ou pas. Le Cactus/La Gauche ! est toujours optimiste : nous avons besoin d’un nouveau parti de gauche, construit à partir du PCF et de la gauche socialiste, ouvert à d’autres composantes et à la société civile.
Un mot et même plusieurs pour l’équipe de Vents d’Ouest, Daniel Gilles, Thierry Goyet et leurs amies et amis, qui ont organisé un accueil remarquable, et une animation des débats impeccable. Un mot aussi d’excuse à Charlotte Girard, l’élégante (et pugnace) animatrice de PRS, présente à Lorient, et qu’une erreur typographique avait malencontreusement transformée en Chantal Girard dans notre dernier numéro. Mais qu’il soit dit bien fort que Charlotte est et demeure Charlotte. Et notre négligent typographe a du copier cent fois Charlotte n’est pas Chantal et Chantal est Charlotte. Un mot enfin pour saluer la visite de Marie-George Buffet, venue en voisine vacancière.
Commentaires