MEMOIRES DE LA GAUCHE UNITAIRE CHAPITRE13 : LA CATA DE LA PRESIDENTIELLE
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Le piège s’est refermé : l’ « arc des forces » du Non de gauche aura donc trois candidats concurrents à l’élection présidentielle. Avec, pour José Bové et Marie-George Buffet, des bases programmatiques très proches, toutes deux issues des « 125 propositions » élaborées à l’époque des collectifs unitaires, et, pour Olivier Besancenot, des positions pas vraiment éloignées. On connaît le résultat : Besancenot crie victoire avec n petit peu plus de 4% (le score habituel d’Arlette Laguillier, qui, elle atteint 1,33%, le score habituel de la LCR). Avec 1,93%, Marie-George Buffet, malgré une bonne campagne, réalise le plus mauvais score d’un candidat communiste à cette élection. Et José Bové, avec 1,32% confirme l’inutilité d’une campagne de division, conduite certes avec courage mais aussi avec des moyens dérisoires. Autres mauvais scores de candidats classés à gauche : 1,57% pour Dominique Voynet, candidate des Verts, 0,34% pour Gérard Schivardi, soutenu par le Parti des Travailleurs.
C’est une gifle globale pour la « gauche de gauche », qui subit certes la conséquence du « vote utile » qui permet à la candidate socialiste Ségolène Royal d’atteindre un score honorable (25,6%). Mais chacun comprend que le pompage du « vote utile » dès le premier tour lui ôte des réserves de voix suffisantes à gauche pour l’emporter au second tour. Ayant déjà mené une campagne « droitière » pour le premier tour, elle accentuera encore cette tournure entre les deux tours, espérant, sans succès, capter la grande majorité des voix obtenues par le candidat centriste François Bayrou.
La gauche de gauche vilipendera, avec raison sur le fond, le « vote utile », antinomique à un fonctionnement vraiment démocratique, conséquence aussi d’un système électoral où l’absence de proportionnelle aux élections législatives jointe à l’élection du président au suffrage universel, tout ceci additionné de l’inversion de la séquence présidentielle-législatives (merci Jospin) pousse l’électeur au choix binaire. Mais ce « vote utile » a traduit aussi le manque de crédibilité de la gauche de gauche, et ce manque de crédibilité a lui-même été alimenté par la division. Et le pire est que cette division a perduré aux législatives suivantes, où le Parti Communiste a limité les dégâts en conservant un groupe parlementaire « technique » en passant un accord avec les députés verts, élus, eux, grâce à quelques gestes du PS, mais où les autres composantes ont été inexistantes.
Cette division a aussi, avec quelques notables exceptions, marqué les élections municipales de 2008 ; dans la majorité des cas, le Parti Communiste a préféré assurer le sauvetage de ses élus (ce qui n’a pas empêché la poursuite, lente cette fois, de son érosion). On peut le comprendre, dans la mesure où toutes plaies de l’échec de la tentative unitaire sont loin, de tous côtés, d’être fermées. Il n’empêche : il est certes des situations où les sauvetages s’imposent, mais il faudra une autre attitude pour que la gauche de gauche aille vraiment de l’avant.
Il n’est pas inintéressant de jeter un regard sur les attitudes des différentes composantes lors de l’élection présidentielle : elles traduisent, en fait, une partie des raisons pour lesquelles l’unité n’a pu se faire. Une telle analyse, utile pour des lendemains qui sont encore loin de chanter, sera l’objet du prochain chapitre. (à suivre)
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