COMMENT VA LA FRANCE ? PAS TRES FORT, MON AMI, PAS TRES FORT
par
popularité : 1%
Vous n’en avez pas ras le bol de la présidentielle ? Du moins de cette présidentielle là, réduite à un match d’images entre deux présumés finalistes auquel, comme on met de la verdure sur les tribunes des meetings, pour faire joli, on a adjoint un outsider, comme dans les courses hippiques, centriste, et l’inusable bad guy borgne, car il faut toujours un méchant, comme au catch. Les autres, parmi lesquels des qu’on aime bien parce qu’ils portent l’espoir d’un vrai changement, sont réduits à de la figuration, les sondages jouant dans le champs politique le même rôle impitoyable que l’audimat pour la télé.
Mises en scènes monarchiques, qu’elles soient « solennelles » ou « participatives », candidats soigneusement écartés, par cordons et imposants services d’ordre, d’une plèbe sans doute dangereuse, forcément dangereuse, et évitant surtout le moindre débat. Etonnantes plasticités des discours. Les deux champions s’arrachent Jaurès que ni l’un ni l’autre n’ont probablement jamais lu. Tandis que l’un « recentre » un discours trop droitier, l’autre « gauchit » un discours trop centriste. Que feraient-ils, l’une ou l’autre, une fois élu(e) ? Auxquels de leurs discours, à quels points de leurs programmes se réfèreraient-ils ? Nous en avons bien entendu une idée : droite dure pour Sarkozy, avec mânes de Jaurès remisées au placard à gadgets ; gauche molle pour Royal, incapable comme son parti de prendre aujourd’hui de la distance par rapport aux puissances économiques et financières.
Pendant ce temps, la gauche qui propose une alternative au libéralisme montre au moins deux choses, son immense générosité et sa capacité infinie d’innovation : dilapider ainsi le capital électoral constitué pendant la campagne référendaire en quelques mois, c’est très fort ; avoir deux candidats qui ont en principe le même programme, plus innovant tu meurs. Après l’invention du double consensus, nous tenons là le pompon. Malgré tout, au-delà des cocasseries et des gaffes à rallonge, c’est sans doute là, dans la gauche alternative au libéralisme, que « gîte la semence d’un avenir meilleur », comme l’écrivait João Silveirinho dans sa période néo-pompier. On a bien écrit « alternative au libéralisme », et pas « antilibérale », nuance.
Commentaires