MELENCHON, EVIDEMMENT
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Pour qui se situe à gauche, il est une chose qui ne devrait pas faire un pli : voter pour Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle qui vient. Car enfin, quel autre candidat de gauche ne s’est pour l’instant jamais fait coincé sur son programme (voire son absence de programme) ? Le programme du Front de Gauche est pourtant l’un des plus détaillés sur le marché électoral à ce jour, nonobstant les risques qu’une telle démarche peut faire prendre si les propositions sont fantaisistes. Pourtant, aucune critique ne tient la route. On entend deux genres de désaccords. Le premier est, ce n’est pas surprenant, celui d’Alain Duhamel, vous savez, ce type formidable qui a réussi à encombrer les ondes et les journaux pendant quarante ans sans jamais avoir avancé une réflexion originale. Duhamel et quelques autres balaient le programme du Front de Gauche en n’en parlant pas, ou plutôt en le déclarant d’office irréaliste ou « d’un autre âge ». Irréaliste en quoi ? Duhamel et ses disciples se gardent bien d’avancer quelque argument. Les pythies de se justifient pas. D’un autre âge ? On voit bien ce qui est visé : la présence du Parti Communiste dans le Front de Gauche. Nombreux sont les « politologues » médiatiques qui n’ont pas vu, ou ont refusé de voir, que le Parti Communiste d’aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec celui de Maurice Thorez ou même de Georges Marchais ;
Le second genre a été exemplairement illustré par les journalistes qui ont interrogé Mélenchon lors de la récente émission Des paroles et des actes. Comme le dit le philosophe contemporain Régis Laspallès, ils ont essayé (de déstabiliser Mélenchon), mais ils ont eu des problèmes. Problèmes dus pour une part à une lecture superficielle des propositions de Mélenchon, mais surtout au fait que leurs critiques partent du fait qu’ils ne sont pas sur le même paradigme : ils critiquent en ayant pour principe référent l’économie de marché, mâtinée ou non de plus ou moins de régulations. Mélenchon est sur un système où le marché n’est plus le facteur dirigeant mais l’un des outils possibles de l’activité économique. C’est d’ailleurs sur ce point que se situe la différence essentielle entre le positionnement de François Hollande et celui de Jean-Luc Mélenchon. Il ne suffit pas de dire non à la finance, il fait dire pourquoi et comment. Il faut aussi montrer ce que nos concitoyens ont à gagner, en termes de qualité de vie, de possibilités émancipatrices, en changeant de paradigme.
C’est là que se situe le principal défi à relever par ce Front de Gauche : notre pays connaît depuis quarante ans une avalanche idéologique à sens quasi unique dont les « valeurs » sont la concurrence, la compétition, la toute-puissance du marché, la consommation. Ce n’est pas une mince affaire d’y substituer la coopération, la solidarité, l’excellence, l’intérêt général. Le Front de gauche s’y emploie avec ténacité et enthousiasme, mais le chemin et long et l’élection proche. C’est peut-être pour cela que beaucoup se disent qu’il faut d’abord se débarrasser de Sarkozy, qu’Hollande est le mieux placé pour ça et qu’après on verra. Mais après on ne verra que si le Front de Gauche peut jouer un rôle important. Et le vote pour Mélenchon est un élément clé pour ça.
Il est une autre raison, subsidiaire mais pas tant que ça, qui justifie de choisir Mélenchon, elle est culturelle. De tous les impétrants susceptibles de rassembler au moins 10% de nos concitoyens au premier tour, Jean-Luc Mélenchon est, et de loin, celui qui a la plus complète culture, politique mais pas seulement, le plus à même de soulever l’enthousiasme porteur d’un projet collectif, chacun de ses meetings le montre, le plus habile à manier l’humour, ce qui compte pour un cactusien.
Enfin, beaucoup de nos concitoyens, parmi ceux qui ont le temps de réfléchir à la chose politique, estiment que l’un des vices du système français est la toute-puissance du président de la République, dont François Mitterrand fut l’un des premiers et plus pertinents critique avant de s’en servir sans beaucoup de vergogne. Les français y seraient « attachés », mot pas innocent. Mélenchon, en annonçant,, et c’est le seul, une constituante, s’attaque concrètement à ce qui est devenu, démonstration parachevée par le quinquennat de Sarkozy, un cancer pour la démocratie.
Pour toutes ces raisons, il serait déraisonnable de ne pas voter, au premier tour (et pourquoi pas au second ?) pour Jean-Luc Mélenchon
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