TRIBUNE LIBRE : PRINTEMPS MOSSADE ?
par
popularité : 1%
Les instituts de sondage donnent Marine Le Pen en tête au premier tour de la présidentielle. Séisme politique ! Curieusement DSK y brille par son absence. Comment ne pas flairer l’énorme magouille, comme il y a six ans l’invention de toute pièce par les mêmes instituts de la madone royale de luxe au sourire ultrabright plus pétant que chez L’Oréal même si dans la tête un pois chiche fait clock clock ? Comme la candidature du milliardaire DSK est de toute évidence contestée à gauche, on nous force la main : la cata s’il n’est pas candidat, on nous refait le coup de 2002. Au passage, on vous dit de ne surtout pas voter Mélenchon pour éviter un duel Sarko Le Pen. Pour enfoncer le clou, on regonfle Besancenot, disparu des sondages pour cause d’inanité sectaire. Pourtant Sarko/DSK même combat, blanc bonnet, bonnet blanc, c’est le FMI et le CAC 40 qui dirigeront l’austérité. La Marine nationale n’y changerait rien.
Je force le trait ? Non. Comment s’y prennent les instituts ? Simple, ils disposent d’un réseau de sondeurs free lance qui ont leur liste, toujours la même, par économie de possibles sondés. Les sondeurs ne peuvent en effet perdre trop de temps et d’argent à interroger des gens qui refuseraient de répondre. On sait donc à peu près d’avance dans quelle catégorie ils se situent, il suffit de faire varier la panel des sondés suivant les souhaits - fussent-ils inexprimés - du payeur, un large consensus régnant dans ce milieu fermé, la rédaction tendancieuse des questions et l’habileté professionnelle du coordinateur du sondage font le reste ! On va nous canarder pendant un an de tels sondages manipulateurs à répétition.
Le richissime DSK a été choisi par Sarko pour siéger, avec l’accord de Wall Street, au FMI. Il a alors choisi la même voie de reniement socialiste que Besson, Bockel, Kouchner, Lang, Rocard, au risque de désespérer le Neuf Trois et la Sorbonne. Pour combler les abîmes financiers que ses patrons ont eux-mêmes creusés, il a signé les plans d’asphyxie économique de la Grèce, de l’Islande, de l’Irlande, bientôt du Portugal, de l’Espagne en attendant le tour de la France. Il trône dans les sondages car, absent du débat politique, il est à l’abri des coups et en outre, ce sont les électeurs de droite et le CAC 40 qui le choisissent naturellement comme leur meilleur candidat de gauche, comme on les comprend. En 1991, il déclarait que les Juifs se devaient de participer aux affaires politiques en France afin d’y prendre des responsabilités car leur devoir était d’aider Israël. Fabius, fraîchement converti à gauche du PS, retourne une nouvelle fois sa veste, et soutient désormais DSK. Bartolone, son second couteau, déclare en janvier dernier que Ben Ali conduisait le peuple tunisien vers la démocratie.
Reste que Marine Le Pen perce dans les sondages même si la tendance est gonflée. Plus subtile que son géniteur raciste, richissime héritier d’un cimentier suicidé, elle gauchit un maximum son discours, volant cyniquement à Mélenchon ses arguments contre le capitalisme international, contre la spéculation, les délocalisations, en versant des larmes sur le sort des pauvres, etc. Quand elle appartient coeur et âme à la droite extrême et à sa contre-révolution, dernière chance du grand capital. Mussolini et Hitler s’y sont pris en 1920 de la même manière en repeignant de nationalisme chauvin les slogans socialistes hâtivement volés à l’extrême gauche. Le bouc émissaire en plus, juif hier, arabe aujourd’hui. Ce chemin délétère a mené aux totalitarismes et aux génocides. Nous voyons aujourd’hui qu’il a fallu trente ans aux peuples arabes pour rejeter, dans quelle douleur, leurs pouvoirs fascisants.
La gauche réformiste est enlisée dans les souvenirs du Tout Etat de l’époque mitterrandienne. Quand elle a été au pouvoir, elle a mêmement respecté le pouvoir partagé entre les banques et la bureaucratie étatique. Elle ne voit aujourd’hui de salut que dans le même recours aux services publics, c’est-à-dire à la bureaucratisation, gage assuré de déficit et de paralysie, remède au capitalisme pis que le mal, comme l’a prouvé feu le « communisme » totalitaire de l’Est.
L’étonnante résurrection des fascismes immondes se nourrit de la persistance chez des centaines de nos philosophes de l’allégeance aux idéologies nazies de Heidegger, camouflées dans la triche, le volapuk et la confusion de sa broussailleuse ontologie conservatrice et antirationnelle. Mettre le FMI ou les fascistes modernisés, aseptisés, à la tête de la France, c’est la garantie d’une longue catastrophe, la nuit et le brouillard pour des décennies. Pour redevenir crédible, il faudrait que la gauche propose une solution réelle à la crise, qu’elle engage courageusement une profonde révolution démocratique, à l’exemple des héroïques peuples arabes, mais en allant beaucoup plus loin encore comme notre histoire nous le permet. Il faudrait qu’elle engage partout la construction de l’autogestion politique et économique et du dépérissement de l’Etat, c’est-à-dire qu’elle redonne le pouvoir aux citoyens, à la base, dans les entreprises et les quartiers. La démocratie réelle, c’est partout un délégué pour deux cents électeurs, siégeant en permanence, contrôlant des élus qu’elle connaîtrait personnellement. Décidez vous-mêmes de tout ce qui vous concerne. Les comptes équilibrés, l’aide sociale à la source, l’écologie, un meilleur partage des revenus et du travail, un développement orienté vers la bonne vie et le temps libre plus que vers l’accumulation obèse et destructrice.
Après Ben Ali et Moubarak, il faut aider les Libyens à se débarrasser de Kadhafi, les Syriens, les Yéménites, les Algériens, etc., à gagner leur liberté mais aussi les Israéliens à délaisser leur extrême-droite, l’apartheid et Bentanyaou pour saisir l’occasion d’un dialogue fructueux avec une démocratie arabe réveillée, qui puisse effacer les menaces de guerre et de régression idéologique dans cette partie si sensible du monde. On attend du grand peuple Juif qu’il nous nous redonne d’autres prix Nobel, des Marx, des Einstein, des Malheur, des Chaplin, des Gainsbourg, des Rosa Luxembourg, des Benjamin et des Adorno plutôt que des politiciens et spéculateurs dépourvus d’éthique !
Jean-Pierre Lefebvre est urbaniste, et publie ce mois-ci, chez L’Harmattan « Pour une sortie de crise positive, autogestion et dépérissement de l’Etat »
Commentaires