BOUM-BOUM SUR ZAKI LAÏDI
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Pour celles et ceux qui auraient échappé aux pourtant nombreuses chroniques de Zaki Laïdi dans la presse, rappelons qu’il est prof à Sciences Po et chargé de recherches au Centre d’Etudes et de Recherches Internationales, l’un de ces « think tank », comme on dit maintenant, qui nous ont abreuvé, lors de la campagne référendaire européenne, de commentaires définitifs sur l’inanité du Non et les bienfaits de l’Europe libérale. Le voilà récemment commentant la position de M. Gordon Brown, ministre des finances britannique, sur l’Europe. M. Brown, selon Zaki Laïdi, ne veut pas de l’Europe politique, ce qui est, nous citons, « inacceptable ». Voilà bien nos « penseurs » modernes : on veut bien débattre, mais à nos conditions, c’est nous qu’on dit ce qui est acceptable ou pas.
Mais, pour M. Laïdi, Gordon Brown n’a pas que des défauts. La preuve : « A la différence des élites françaises, M. Brown, qui, rappelons-le, est travailliste, n’appréhende nullement la mondialisation ». Voilà qui dénote, pour Zaki Laïdi, « le gouffre intellectuel et politique qui sépare nos deux pays ». Au fond du gouffre laïdien, la France, et tout particulièrement la gauche française, car Zaki, appelons-le Zaki maintenant qu’on a fait connaissance, est de gauche, si, si. Son pote Gordon, appelons-le Gordon maintenant qu’on, dit par exemple « à bon droit », toujours selon Zaki, estime que la mondialisation est bénéfique, « idée totalement absente du discours français, et de façon plus nette encore à gauche, la force politique qui devrait en être porteuse ». En pédagoque aguerri, Zaki met les points sur les i : « Quand on voit qu’au même moment, en France, l’altermondialisme s’interroge doctement (ah, ce doctement !) pour bâtir une alternative « crédible » au système capitalisme, on prend la mesure du provincialisme intellectuel et du caractère régressif de sa frange réputée « progressiste » ».
Bref, la gauche perd son temps à critiquer le capitalisme au lieu de s’y adapter. Zaki aura beau reprocher ensuite à Gordon de refuser toute solidarité européenne, l’essentiel est dit : hors le système capitaliste, hors le marché compétitif, point de salut, sauf un zeste d’harmonisation sociale et fiscale, pour rassurer le bon peuple du fond du gouffre. Discours de mépris ? Boff, un de plus de nos « élites » autoproclamées, qui ne nous empêchera pas, modestes provincialistes régressifs au fond du gouffre intellectuel, de chercher et chercher encore des alternatives au libéralisme (Zaki préfère dire capitalisme, il a raison sur la sémantique, mais n’est-ce pas aussi, comme le « doctement », une tentative de ringardiser ce qu’il trouve « inacceptable »).
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