https://www.traditionrolex.com/18 LA COHERENCE DU « TOUT SAUF SEGOLENE - La Gauche Cactus

LA COHERENCE DU « TOUT SAUF SEGOLENE

Par Elie Arié
mardi 15 juillet 2008
par  Elie Arié
popularité : 1%

À première vue, on pourrait s’étonner de voir, depuis le début de la campagne Présidentielle de 2007, l’ensemble des grands courants et les principaux leaders du PS s’unir, toutes orientations confondues et malgré leurs différences, pour tenter d’empêcher sa victoire en 2007 d’abord, sa candidature en 2012 ensuite.

En effet, si on admet que le but essentiel d’un parti et d’un homme (femme) politique est l’accession au pouvoir, il y aurait là une contradiction apparente : les socialistes savent bien que, s’ils parvenaient à fait élire un(e) des leurs au pouvoir, celui/celle-ci serait obligé(e) de le partager avec eux : la victoire d’un(e) socialiste à a Présidentielle (et, dans la foulée, celle du PS aux législatives qui suivraient) impliquerait leur propre retour personnel au pouvoir : ce n’est évidemment pas sur les 14 000 allumés de « Désirs d’avenir » que Ségolène pourrait s’appuyer pour l’exercer !

Leur différence avec Ségolène Royal n’est évidemment pas programmatique : Royal, Dominique Strauss-Kahn, Delanoë, Moscovici (on peut y rajouter Hollande, Valls, Dray, etc.), s’ils étaient au pouvoir, ne mèneraient pas des politiques économiques sensiblement différentes et moins libérales les uns que les autres : ils ont tous été partisans du Oui à Maastricht, de la ratification des traités de Nice et d’ Amsterdam, du Oui au TCE, et de la ratification par voie parlementaire du TCE rejeté par référendum : avec ces choix, ils se sont tous enfermés dans une politique économique libérale.

Cette politique serait peu différente de celle de l’ UMP, parce que contrainte par les règles de la globalisation et de l’ Union Européenne, et, en particulier, par la baisse imposée des prélèvements obligatoires (à noter que Delanoë, tout en se disant "libéral", proclame dans le même souffle que "le parti socialiste doit rester le parti de l’impôt" : c’est bien, mais reste à fournir le mode d’emploi).

La grande hypocrisie actuelle du PS ne se limite pas à ne pas avoir tenté de s’opposer à la grande forfaiture de la ratification du traité de Lisbonne par vie parlementaire : elle consiste à condamner les réformes de Sarkozy tout en souhaitant leur réussite, et en se gardant bien de promettre leur abrogation s’il revenait au pouvoir.

C’est donc ailleurs qu’il faut chercher la cohérence du « Tout sauf Ségolène », et il me semble qu’on la trouve dans l’interview qu’elle a donnée au quotidien « Libération » du 31 Mai 2008.

On y découvre que, pour Ségolène Royal, le prix qu’elle accepte de payer pour son accession au pouvoir, c’est la dépolitisation irréversible du Parti Socialiste, et c’est cela que personne, au-delà de ses divergences, ne peut et ne doit accepter. Que dit, en effet, cette interview ?

1- elle met sur le même plan des catégories socioprofessionnelles (employés et ouvriers), de groupes ethniques (la France métissée) et de catégories sexuelles (les femmes), dans une approche purement marketing : "voilà les parts de marché qui n’achètent pas encore nos yaourts et qu’il nous reste à conquérir » : peu importe qu’il y ait « des femmes » d’extrême-gauche, d’extrême-droite, etc., il nous faut davantage de femmes, quelles que soient leurs orientations politiques ;

2- elle proclame que l’objectif du PS doit être de devenir "le parti de toute la société française" - en regroupant toutes les opinions politiques incompatibles entre elles, tous les intérêts sociaux opposés, et en faisant l’impasse sur ces contradictions, et sur les arbitrages nécessaires entre intérêts divergents qui est l’essence même de la politique ; démarche qui s’inscrit dans le droit fil de l’ alliance proposée à Bayrou entre les deux tours des Présidentielles, après qu’un débat ait mis en évidence les incompatibilités de leurs lignes politiques : la politique ne compte plus, seul compte le recrutement. Avec, à terme, le même résultat que Veltroni en Italie : la déroute d’un parti qui, remplaçant tout programme par des slogans creux (« nous ne combattons pas la richesse, nous combattons la pauvreté ») et voulant que tout le monde se reconnaisse en lui, est arrivé à ce que plus personne ne s’y reconnaisse, et lui préfère le pourtant très impopulaire Berlusconi : préfiguration de ce que serait le résultat d’une Présidentielle opposant Royal à Sarkozy en 2012.

Il était, dès lors, logique que Ségolène Royal préfère s’appuyer , plutôt que sur les militants du PS, sur des citoyens aussi vierges et naïfs en politique que possible, d’où la création de son réseau « Désirs d’ Avenir » à base de réunions Tupperware (toujours l’approche marketing) et de culte de la personnalité, de militants du PS à cotisations à 20 € (préférés à tous ceux qui, depuis longtemps, ont choisi d’y investir une part bien plus importante de leur temps, de leur réflexion et de leurs revenus), de la tonalité volontairement sentimentale et irrationnelle de ses discours (« nous n’avons pas besoin de nous parler pour nous comprendre », Béthune, 14 juin 2007 ), mais aussi l’éviction sourcilleuse de toute réflexion politique chez ses soutiens, aujourd’hui par une censure impitoyable sur le forum de débats de Désirs d’avenir (et il faut, effectivement, être très naïf en politique pour fermer les yeux sur l’incompatibilité entre censure des idées et démocratie soi-disant participative), demain au Parti Socialiste, si elle en devenait la Première Secrétaire, par l’annonce de sanctions contre ceux qui critiqueraient ses prises de position.

On voit donc que si la stratégie de Ségolène Royal de dépolitisation du Parti Socialiste est très cohérente, la stratégie du « Tout sauf Ségolène » de ceux qui, au-delà de leurs divergences, croient encore à l’utilité de la politique, en constitue la réaction tout aussi cohérente.


Commentaires

Brèves

1er mars 2012 - BREF HOMMAGE A MENDES FRANCE, par François LEDRU

Chez les Ledru, bourgeois catho (comment puis-je être si différent d’eux ?), les gosses (...)

17 août 2009 - SIGNEZ LA PETITION ANTI-BONUS !

Les grands dirigeants du monde prétendent ne rien pouvoir faire dans leur pays contre le retour (...)

25 mai 2008 - NOUS SOMMES ELUS DU PEUPLE, PAS DE SARKOZY : POUR LA DEFENSE DU DROIT DE GREVE : DESOBEISSANCE CIVILE DES ELUS !

Le 15 mai 2008, le président de la République en titre a osé remettre en cause le droit de (...)
https://www.traditionrolex.com/18 https://www.traditionrolex.com/18